À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

19/11/2011

Professores vão buscar os alunos a casa

Margarida Davim

Manuela conta que nas últimas três semanas esteve todos os dias 12 horas na escola. Ao trabalho pedagógico, somaram-se horas de reuniões com pais – «que deviam ser só 45 minutos por semana, mas que se arrastam sempre» – e o trabalho relacionado com a avaliação do desempenho docente.
No fim disto tudo, pouco tempo sobra para a família. «Há um desgaste. Porque levamos os problemas para casa». Nas últimas noites foi um aluno de etnia cigana que lhe tirou o sono. «Tem grandes capacidades intelectuais, mas falta muito e a mãe é conivente com isso». Preocupada, já organizou um encontro com os pais para debater a situação.
Lina Oliveira, professora em Pombal, sabe bem o que é ter de ir buscar um aluno a casa. Nos últimos três anos, a professora de Português fez várias vezes o percurso para casa dos avós de um dos seus alunos, na esperança de o convencer a não faltar. No último ano perdeu a batalha: «No 9.º ano não consegui e ele ficou retido por faltas».
Outra guerra perdida, no ano passado, fez com que a turma de que era directora acumulasse mais de 50% de reprovações. «Eram alunos muito complicados, que somaram mais de 200 participações disciplinares».
Lina perdeu a conta às vezes que falou com eles e chamou os pais à escola. «Mas eles recusavam-se em participar em algumas das aulas, apesar de na minha aula terem um bom comportamento». A professora fez-se amiga deles no Facebook, ligava-lhes para o telemóvel e conheceu todos os encarregados de educação, mas nem a ligação especial melhorou o comportamento.
Com 20 anos de serviço, o desgaste destas derrotas levou-a, este ano, a tirar uma licença sem vencimento «para reflectir e descansar». Não se esquece da vocação que a levou a escolher a docência, mas não esconde a vontade de mudar de vida. «Se pudesse, escolhia uma profissão onde os resultados fossem mais controlados por mim», diz, lembrando a pressão cada vez maior que os docentes têm para conseguir sucesso.
Com cortes salariais que levam a uma redução de quase 30% no vencimento e desgastados pela avaliação do desempenho, os professores não escondem que é cada vez mais difícil manter a motivação. «Damos tudo pela profissão, pelos miúdos, e sentimo-nos cansados e desmotivados», comenta Isabel Parente, que acha que «em geral, a sociedade não se apercebe deste trabalho que os docentes fazem».

http://sol.sapo.pt/inicio/Sociedade/Interior.aspx?content_id=34170

Rites de passage ou délinquance ? Eternel retour des bandes de jeunes

Gérard Mauger

Le décès d’un adolescent lors d’un affrontement entre jeunes dans la région parisienne, en mars 2011, a de nouveau projeté les bandes à la « une » de l’actualité. Mais, au-delà des discours alarmistes des experts et des martiales déclarations des ministres de l’intérieur, que sait-on de ces formes de sociabilité des milieux populaires et de leurs évolutions ?
A l’occasion de tel ou tel fait divers, de la publication des dernières statistiques policières ou de l’annonce d’un nouveau projet de loi sécuritaire, le monde des bandes resurgit régulièrement dans les débats politiques et médiatiques. Aux figures des apaches de la Belle Epoque, des blousons noirs de la fin des années 1950, des loubards des années 1970 a succédé le spectre des « jeunes des cités ».
L’une des interprétations du phénomène relie immigration et délinquance. Martelée par le chroniqueur Eric Zemmour, elle a trouvé un relais récent dans le monde académique. Refusant, lui aussi, de « se laisser intimider par la pensée unique » et en quête d’une théorie originale de la délinquance, le sociologue Hugues Lagrange a cru bon de mettre en avant les « origines culturelles (1) ». Mais, si l’exhibition d’une « nouvelle variable » peut, la conjoncture politique aidant, être au principe d’un « scoop sociologique », l’étude au coup par coup de variables isolées conduit à une impasse scientifique. En l’occurrence, s’il est vrai que les enfants d’immigrés sont surreprésentés en prison et, vraisemblablement, dans la population délinquante, c’est notamment parce qu’ils le sont aussi dans la population en échec scolaire et, de ce fait, dans celle des jeunes sans diplôme en quête d’un emploi et jugés inemployables (2) — tant à cause de leur absence de ressources scolaires que des discriminations qui les frappent. Quant à l’influence propre de « facteurs ethniques ou culturels » (domination masculine, polygamie, etc.), encore faudrait-il, après les avoir identifiés, montrer qu’ils ont un effet criminogène : les réserves sont permises...
Mais comment rendre compte du monde des bandes ? De la fin des années 1950 à celle des années 1970, il pouvait être décrit comme l’univers de sociabilité dans lequel les adolescents des classes populaires jouissaient des licences accordées à la jeunesse et faisaient l’apprentissage collectif des valeurs de virilité associées à l’usage de la force physique comme force de travail. La « culture de rue » apparaissait ainsi comme un préalable à la « culture d’atelier ». Mais, au milieu des années 1970, le processus de consolidation de la condition salariale de l’après-guerre fait place à une insécurité sociale croissante et à la déstabilisation des modes de vie des classes populaires : désindustrialisation, chômage, précarisation et dégradation de l’emploi ouvrier, tertiarisation des emplois sans qualification, renforcement de la ségrégation sociale - spatiale, généralisation de l’enseignement scolaire, déclin de l’encadrement politique et consolidation de l’encadrement étatique. Au renforcement des politiques sécuritaires (3) fait écho l’institutionnalisation de la figure du stagiaire perpétuel ; à l’effondrement du taux d’emploi des jeunes, l’apparition et le développement d’une économie « souterraine » dans certaines banlieues populaires.

Affaiblissement du contrôle parental

Ces transformations ont affecté le monde des bandes. Leurs ressortissants se recrutent désormais pour l’essentiel dans des familles populaires plus ou moins désaffiliées de la société salariale et souvent d’origine immigrée. Ces dernières ne disposent ni des informations nécessaires sur le fonctionnement du système scolaire, ni des savoirs et savoir-faire culturels légitimes (à commencer par la langue). Leurs conditions d’existence sont une source permanente d’inquiétude et de tensions. La précarité les contraint à vivre en fonction des impératifs et des accidents biographiques : licenciements, accidents de travail, invalidités, décès, conflits conjugaux, problèmes judiciaires, etc. Confrontées à l’impossibilité matérielle d’exercer le contrôle et à l’incapacité culturelle d’assurer le suivi (en particulier scolaire) d’enfants « qui leur échappent » (dans tous les sens du terme), soumises aux injonctions contradictoires de travailleurs sociaux qui les invitent à moins de sévérité et plus de rigueur, ces familles se voient reprocher une attitude jugée démissionnaire. L’affaiblissement du contrôle familial renforce ainsi la socialisation par le groupe de pairs.
La ségrégation sociale étant aussi spatiale, les enfants des fractions les plus démunies des classes populaires fréquentent les établissements où les taux de réussite au brevet et au baccalauréat sont particulièrement faibles et les taux de redoublement élevés. Les difficultés d’apprentissage des fondamentaux conduisent à l’hypoactivité scolaire et progressivement au retrait du jeu. Plus l’écart se creuse par rapport aux exigences de l’enseignement, plus la présence en classe apparaît inutilement humiliante, plus la probabilité de perturber l’activité pédagogique ou de fuir l’école s’accroît. La recherche de la protection du quartier et de la reconnaissance au sein du groupe de pairs renforce la porosité de la frontière entre les activités des bandes et l’espace scolaire.
Les emplois précaires accessibles aux jeunes sans diplôme ou titulaires de diplômes dévalués sont souvent des emplois de services (commerce ou bureaux) ou des emplois ouvriers dispersés dans des univers beaucoup plus proches des prestataires de services que des ateliers de production. L’écart s’est creusé entre, d’un côté, la culture de rue et ses valeurs de virilité et, de l’autre, les dispositions requises dans le secteur tertiaire (coursiers, employés de maison, agents de nettoyage, travailleurs de la restauration, etc.) ou même dans l’usine moderne (disponibilité, initiative, flexibilité, etc.). « Le rêve macho-prolétarien de faire ses huit heures plus les heures supplémentaires tout au long de leur vie d’adulte dans un atelier syndiqué à un poste difficile [a] été remplacé par le cauchemar d’un travail de bureau subalterne, mal payé et très féminisé (4) », écrit l’anthropologue Philippe Bourgois.
Au sein du monde des bandes, on peut désormais distinguer deux pôles. Le premier — celui des jeunes encore scolarisés — reste sous-tendu par la logique agonistique (5) des blousons noirs ou des loubards, valorisant le courage, l’esprit rebelle et un virilisme agressif. L’enjeu est la conquête, la défense et l’amélioration d’une position « en vue », individuelle et collective (celle du quartier), dans la hiérarchie des réputations locales. La tchatche, les vannes cherchent à tourner l’autre en dérision en sachant jusqu’où ne pas aller trop loin. Mais les réputations s’acquièrent surtout dans les bagarres au sein du groupe, avec les bandes des cités voisines ou encore avec la police. Ces « faits d’armes », les pointes de vitesse et les vols de véhicules constituent l’essentiel des pratiques délinquantes caractéristiques de ce pôle, sur fond de conduites banales susceptibles d’engendrer nuisances sonores, obstructions du passage dans les espaces collectifs ou dégradations du mobilier urbain.

Faire un « truc de ouf »

Le second pôle — celui des « grands » — se démarque du premier par l’investissement dans l’économie « souterraine » (l’épithète insistant sur son caractère occulte), « parallèle » (le flou du qualificatif suggérant l’existence d’un continuum avec l’économie formelle), « illégale » (l’adjectif emprunté au répertoire juridique en souligne le caractère délinquant), voire « des cités » (la notion évoquant la thématique de la survie). L’affiliation au monde des bandes a pour corollaire la dénégation de la relégation : le « bizness » permet l’appropriation des attributs de l’excellence juvénile qui permettent de sauver la face. La croyance en la possibilité de « monter sa propre affaire » — l’esprit du capitalisme souterrain... — s’avère d’ailleurs étonnamment partagée. L’échec des tentatives d’insertion professionnelle par des voies légales, les dispositions à l’égard du travail non qualifié, les tensions entre nécessité économique et contraintes symboliques, l’impératif de la « débrouille », la convergence entre une définition dominante de la réussite sociale et les trajectoires ascensionnelles des revendeurs de stupéfiants, le travail de légitimation morale du « bizness » peuvent faire alors de l’engagement dans l’économie illégale le choix le moins humiliant et le plus rassurant (6).
Le « bizness » et, plus spécifiquement, le « deal » impliquent une plus grande porosité du monde des bandes par rapport au milieu de la délinquance professionnelle. Conformément à l’hypothèse des premiers sociologues de l’école de Chicago, l’existence d’un « pôle délinquant » dans le quartier en fait une aire de recrutement et de transmission des savoir-faire délinquants, ouvrant un espace d’« opportunités déviantes ». La surenchère caractéristique de la logique agonistique peut rendre compte de la fuite en avant dans la hiérarchie indigène des délits (du vol à l’étalage au braquage). Faire un « truc de ouf » (de fou) est un gage de réputation et de prestige. Par ailleurs, la prison, en favorisant le développement de relations dans le monde de la délinquance professionnelle et la transmission des savoir-faire correspondants, reste un lieu privilégié de conversion du monde des bandes au « milieu ».
Quelles conséquences peut-on tirer de ce genre d’analyse ? Le monde des bandes apparaît comme un effet des structures sociales. C’est pourquoi, instrument de compréhension de soi-même et des autres, la sociologie se voit régulièrement taxée d’« angélisme » par tous ceux qui, drapés dans la défense des victimes (semblant, d’ailleurs, ignorer que les premières victimes des bandes sont les jeunes des bandes eux-mêmes), entretiennent la « panique morale » et se font les hérauts de la « guerre contre le crime ». D’où la fortune des théories de l’action rationnelle appliquées à la délinquance qui légitiment la philosophie pénale inspirée de la doctrine du libre-arbitre, le retour de la théorie du criminel-né (7), sinon des « explications » plus ou moins ouvertement racistes.
A l’inverse, reprenant à son compte une longue tradition anarchiste et prise dans une surenchère de radicalité, une fraction de la gauche intellectuelle croit déceler dans le monde des bandes cette « fleur du prolétariat » que Mikhaïl Bakounine décrivait comme « cette grande masse, ces millions de non-civilisés, de déshérités, de misérables et d’analphabètes (...), cette grande canaille populaire qui, étant à peu près vierge de toute civilisation bourgeoise, porte en son sein, dans ses passions, dans ses instincts, dans ses aspirations, dans toutes les nécessités et les misères de sa position collective, tous les germes du socialisme de l’avenir et qui seule est assez puissante aujourd’hui pour inaugurer et pour faire triompher la révolution sociale (8) ». C’est le même mirage qu’on retrouve chez ceux qui voient dans les « feux de joie » des émeutes de novembre 2005 « le baptême d’une décennie pleine de promesses » et s’émerveillent de « tout ce qu’il y a de purement politique dans cette négation absolue de la politique » (9).
Ignorant ces enthousiasmes rhétoriques, les luttes politiques, médiatiques, scientifiques qui ont pour objet la définition de la représentation légitime de la délinquance juvénile et de ses causes ont un double enjeu. L’indignation morale régulièrement réactivée à l’égard du monde des bandes est utilisée à des fins partisanes pour capter les voix d’une partie de l’électorat du Front national. Mais elle permet surtout de renforcer le contrôle policier sur un sous-prolétariat qui ne cesse de s’étendre et d’exacerber les divisions au sein des univers populaires. A la traditionnelle vision du monde « nous »-« eux », elle substitue un nouveau clivage entre établis et marginaux. Les premiers appartiennent à des classes moyennes précarisées et à des classes populaires bloquées dans leur espoir d’ascension, alors que les autres sont des ouvriers et employés « précarisés » et des « sans ». Comment alors reconstituer et unifier un mouvement populaire capable d’inclure ses marginaux ? Comment réduire la fracture entre les deux groupes, alors que les porte-parole politiques et médiatiques des classes dominantes s’en prennent alternativement à des établis « privilégiés » et à des marginaux « diabolisés » et/ou « assistés » ?

(1) Hugues Lagrange, Le Déni des cultures, Seuil, Paris, 2010.
(2) Le rapport 2010 (PDF) de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles indique que 43 % des hommes jeunes y sont au chômage.
(3) Cf. Laurent Bonelli, La France a peur. Une histoire sociale de l’“insécurité” », La Découverte, Paris, 2008.
(4) Philippe Bourgois, En quête de respect. Le crack à New York, Seuil, Paris, 2001.
(5) Relatif à la lutte.
(6) Nasser Tafferant et Gérard Mauger, Le Bizness. Une économie souterraine, Presses universitaires de France, Paris, 2007.
(7) « Alors que les gangs sont typiquement vus comme un phénomène sociologique, notre étude montre que les variantes d’un gène spécifique de monoamine oxidase A (MAOA) jouent un rôle significatif », déclarait récemment le criminologue Kevin M. Beaver. Cf. « Monoamine oxidase A genotype is associated with gang membership and weapon use », Comprehensive Psychiatry, Saint Louis (Etats-Unis), 2009.
(8) Mikhaïl Bakounine, Œuvres, tome IV, Stock, Paris, 1908.
(9) Comité invisible, L’Insurrection qui vient, La Fabrique, Paris, 2007.

http://www.monde-diplomatique.fr/2011/05/MAUGER/20482

Ludwig Wittgenstein, Remarques sur "Le Rameau d'or" de Frazer + Jacques Bouveresse, L'animal cérémoniel : Wittgenstein et l'anthropologie


Ludwig Wittgenstein, Remarques sur "Le Rameau d'or" de Frazer , Actes de la recherche en sciences sociales, 1977, Numéro 16, pp. 35-42

Jacques Bouveresse, L'animal cérémoniel : Wittgenstein et l'anthropologie, Actes de la recherche en sciences sociales, 1977, Numéro 16, pp. 43-54

Pierre Bourdieu, autour des Esquisses algériennes

en ligne: Pierre Bourdieu, autour des Esquisses algériennes ( Seuil, collection Liber, 2008)

Le choc des civilisations. – In : Le sous-développement en Algérie / sous la direction du Secrétariat social d’Alger. - Alger : Editions du Secrétariat social d’Alger, 1959. – P.52-64.

Les sous-prolétaires algériens, in Temps modernes, 12, 1962, pp. 1030-1051, in Agone, n°26/27, 2002, pp.203- 224, Esquisses algérienne, P.193-212

L'unité de l'Algérie
, juillet 1962 in Manière de voir — Le Maghreb colonial 86 / Avril-mai 2006

Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad, Paysans déracinés. Bouleversements morphologiques et changements culturels en Algérie, Études rurales, 12, 1964, aussi Colonial rule and cultural sabir, Ethnography, v. 5, n. 4, Dec. 2004, p. 445-486, aussi A dominação colonial e o sabir cultural, Rev. Sociol. Polit.  no.26, 2006, aussi in Esquisses algérienne, P.153-191

Le sens pratique, Actes de la recherche en sciences sociales, 1976, Numéro 2.1, pp. 43-86

Dialogue sur la poésie orale en Kabylie, entretien avec Mouloud Mammeri, Actes de la recherche en sciences sociales, 1978, Numéro 23, pp. 51-66, aussi in Esquisses algérienne, P.285-319

Sur l'objectivation participante. Réponse à quelques objections, Actes de la recherche en sciences sociales, 1978, Numéro 23, pp. 67-69

Der Kampf um die symbolische Ordnung (Gespräch mit Axel Honneth, Hermann Kocyba und Bernd Schwibs), in: Ästhetik und Kommunikation (Frankfurt), 16. Jg., Nr. 61/62, S. 142-163, The Struggle for Symbolic Order (Gespräch mit A. Honneth, H. Kocyba, B. Schwibs) in: Theory, Culture and Society (London), 3. Jg. (1986), Nr. 3, S. 31-51, Fieldwork in philosophy, Choses dites, Les Éditions de Minuit, P.13-46,  Fieldwork in Philosophy” en Cosas Dichas, Barcelona, Gedisa, 1993, pp. 17-34 
 

« De la règle aux stratégies : entretien avec P. Bourdieu », P. Lamaison, Terrain, n° 4, 1985, pp. 93-100.

Du bon usage de l'ethnologie. Entretien avec Pierre Bourdieu, par Mouloud Mammeri in Awal. Cahiers d’Etudes berbères, n°1, 1985, aussi in Esquisses algérienne, P.265-283

Pierre Bourdieu, Mouloud Mammeri ou la colline retrouvée, in le Monde, 03 Mars 1989, aussi AWAL-Cahiers d’études berbères, n°5, Paris, 1989, i,n Algérie littérature/action, N° 7 - 8 1997

Un problème peut en cacher un autre, archives du Collège de France,  novembre 1989, in  Interventions, 1961-2001. Science sociale et action politique, Agone, P.305-306

La domination masculine, Actes de la recherche en sciences sociales, 1990, Numéro 84, pp. 2-31

Préface au livre d'Abdelmalek Sayad, L'immigration ou les paradoxes de l'identité, De Boeck, 1991.

Pierre Bourdieu, L'Odyssée de la réappropriation,(Actes du colloque, Alger, 20-21-22 juin 1992, organisé par AWAL-CERAM. Avec le concours de la Maison des sciences de l'homme, Paris et de l'Institut Maghreb-Europe, Paris VIII), in Awal, cahiers d’études berbères, n°18, 1998

"Tout est social", entretien avec Pierre Bourdieu, propos recueillis par Pierre-Marc de Biasi
in Magazine Littéraire n°303, octobre 1992

Structures, Habitus, Power: Basis for a Theory for Symbolic Power, (1977)  In Culture/Power/History: A Reader in Contemporary Social Theory, eds. Nicholas B. Dirks, Geoff Eley, and Sherry B. Ortner, 155–199. Princeton, NJ: Princeton University Press. 1994

Le sort des étrangers comme schibboleth», Libération, 3 mai 1995, p.9 (avec J.P. Alaux), aussi, in Contre-feux [1998], p.21-24.

Entre amis, (IMA, Paris, 21 mai 1997), Awal, 21, 2000, aussi in Esquisses algériennes, P.349-356

Nous en avons assez du racisme d'Etat, Les Inrockuptibles, 121, 8-14 octobre 1997, p.4-5 ; aussi " Ces 'responsables' qui nous déclarent irresponsables " , in Contre-feux [1998], p.93-94, in  Interventions, 1961-2001. Science sociale et action politique, Agone, P.347-348

Hommage à mon ami Abdelmalek Sayad, Libération, 16 mars 1998, p.31

Pour Abdelmalek Sayad
, Propos prononcé à I'lnstitut du monde arabe. le 2 avril 1998, à l'occasion d'une réunion à la mémoire d'Abdelmalek Sayad, Annuaire de l'Afrique du Nord. tome XXXVII, 1998, aussi in Esquisses algérienne, P.357-362

Lettre ouverte aux membres de la mission de l’ONU en Algérie, Pour le Comité international pour la paix, la démocratie et les droits de l'homme en Algérie : Majid Benchikh, Tassadit Yacine (Algérie), Patrick Baudoin, Pierre Bourdieu, François Gèze, Pierre Vidal-Naquet (France), Anna Bozzo (Italie), Inga Brandel (Suède), Werner Ruf (Allemagne), juillet 1998, in  Interventions, 1961-2001. Science sociale et action politique, Agone, P.429-432

PRÉFACE à La double absence. Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré de Abelmalek Sayad. Liber, Seuil, 09/1999

avec Schultheis, F.,  In Algerien - Lehrjahre in einem soziologischen Laboratorium - Ein Gespräch, 26 septembre 1999, Mittelweg 36 (3/2006), 72-76.

" La fabrique de l'habitus économique ", Actes de la recherche en sciences sociales, " Regards croisés sur l'anthropologie de Pierre Bourdieu ", 150, décembre 2003, p.79-90. aussi " Making the economic habitus. Algerian workers revisited " (tr. R. Nice, L. Wacquant), Ethnography, 1 (1), July 2000, pp. 17-41, aussi in Esquisses algérienne, P.237-261

and Loïc Wacquant, The Organic Ethnologist of Algerian Migration, Ethnography December 2000 1: 173-182, aussi "El ethnólogo orgánico de la migracíon argelina," Apuntes de investigacion , 5, July 2000, pp. 39-46, aussi "Algerian muuttoliikkeen mekittävä etnologi," Kulttuurintutkimus , 18-2, Spring 2001, pp. 17-23, aussi "L'ethnologue organique de la migration algerienne." Philosophie, Critique, Littérature, 25, Fall 2001, pp. 67-76 aussi "L'ethnologue organique de la migration algerienne."Agone 25, 2001, pp.67-76

l'objectivation participante, Discours prononcé le 6 décembre 2000 lors de la remise de la Huxley Memorial Medal for 2000 au Royal Anthropological Institute de Londres, Actes de la recherche en sciences sociales, 2003, N° 150, pp. 43-58, aussi Participant Objectivation, The Journal of the Royal Anthropological Institute, 9-2, juin 2003, p. 281-294, aussi in Esquisses algérienne, P.323-339

 Pierre Bourdieu, " Foreword ", in J.D. Le Sueur, Uncivil War. Intellectuals and Identity Politics During the Decolonization of Algeria, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2001, p. IX-X.

L’autre Bourdieu, ou celui qui ne disait pas ce qu’il avait envie de cacher, entretien préparé par Tassadit Yacine et enregistré par BRTV avec Hafid Adnani, BRTV 28 avril 2001, in Awal, n° 27-28/2003, L'autre Bourdieu

avec Schultheis, F., Teilnehmende Objektivierung: Fotografische Zeugnisse einer untergehenden Welt, 26 juin 2001, In Camera Austria (pp. 8-14). Graz, aussi Entretien avec Pierre Bourdieu par Franz Schultheis,  in Schultheis, F. (Ed.), & Frisinghelli, C. (Ed.) (2003). Pierre Bourdieu : Images d’Algérie, Une affinité élective. Paris: Actes Sud / Camera Austria / Fondation Liber, P.19-44, aussi in Esquisses algériennes, P.363-374

Algerian landing, Ethnography December 2004 5: 415-443, This article is excerpted from Pierre Bourdieu, Esquisse pour une auto-analyse, Raisons d'agir, 2004, pp.53-86
---------------------------------------------------------

voir également:

en ligne: Pierre Bourdieu, autour de l'ouvrage Images d'Algérie, une affinité élective

en ligne: Pierre Bourdieu, autour du livre Le bal des célibataires

en ligne: Pierre Bourdieu, autour de l'Esquisse pour une auto-analyse

en ligne: Pierre Bourdieu, autour des Structures sociales de l'économie

en ligne: Pierre Bourdieu, autour de la Domination masculine

en ligne: Pierre Bourdieu, autour du livre Le sens pratique

 en ligne: Pierre Bourdieu, autour de: Sociologie de l'Algérie, Travail et travailleurs en Algérie, Le déracinement et Algérie 60

en ligne: Pierre Bourdieu, articles sur L'objectivation participante

en ligne: publications de Pierre Bourdieu sur la violence symbolique

Articles de Pierre Bourdieu sur le concept de Capital (culturel, social, symbolique, scientifique)
 
en ligne: Pierre Bourdieu, la notion de Stratégie

audio-video-articles de Pierre Bourdieu sur le concept d'habitus

en ligne: Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad

en ligne: Pierre Bourdieu et Mouloud Mammeri

en ligne: Pierre Bourdieu et l'Anthropologie

Pierre Bourdieu un hommage

Portugal apresenta uma elevada concentração do rendimento

Em Portugal, o quintil do topo da distribuição do rendimento detinha no ano de 2008 43,2% do total do rendimento disponível por adulto equivalente.


O Gráfico 1 apresenta informação relativa à distribuição do rendimento por cinco subconjuntos da população nos 27 países da União Europeia. Esses cinco subconjuntos representam cada um deles 20% da população, sendo que o primeiro subconjunto corresponde aos 20% mais pobres (1º quintil), o segundo aos 20%-40% mais pobres (2º quintil) e assim sucessivamente.
Este gráfico demonstra de forma bastante clara duas ideias essenciais: em primeiro lugar, a porção do rendimento detida por cada um dos subconjuntos populacionais/quintis é variável consoante o país em análise, havendo países em que o rendimento está comparativamente mais bem distribuído do que noutros;  em segundo lugar, a porção do rendimento detida pelos 20% mais ricos destaca-se claramente, em todos países, da que é auferida pelos demais quintis - embora essa concentração seja também muito variável. 

No ano de 2008, os 20% mais pobres em Portugal detinham 7,2% do total do rendimento. Apenas em seis países esse valor é mais baixo. Na Letónia era de 5,9%, na Roménia 6,1%, em Espanha 6,4%, na Lituânia 6,7%, na Bulgária 6,8% e na Grécia 7,0%. Os quatro países em que o valor deste indicador é mais elevado fazem parte do conjunto dos Estados que integraram a UE em 2004, mais concretamente: República Checa (10,3%), Eslovénia (10,2%), Hungria (9,9%) e Eslováquia (9,8).
Relativamente ao rendimento detido pelos três quintis intermédios, que agregam 60% da população, Portugal apresenta valores bastante aquém dos observados na generalidade dos países da UE-27.
A porção do rendimento detida em Portugal pelo 2º quintil (20%-40% mais ricos) é a terceira mais baixa verificada neste conjunto de países: 12%. Apenas a Letónia e a Lituânia apresentam valores inferiores a este. No pólo oposto, na Dinamarca, Eslovénia e Suécia o valor deste indicador é igual ou superior a 15%.
No que concerne ao 3º quintil (40%-60% mais ricos), verifica-se que em Portugal a porção do rendimento detida por este subconjunto da população é a mais baixa registada nos países da União. Enquanto em Portugal o valor desta medida é de 16%, na Dinamarca atinge os 19,3%, e na Eslovénia, Suécia, Bélgica, Hungria, Finlândia, Áustria e Eslováquia é igual ou superior a 18%. Quer isto dizer que o grupo de rendimentos intermédios médios em Portugal, portanto, o subconjunto da população que ocupa a posição intermédia na estrutura de distribuição do rendimento, detém em termos comparativos uma parcela diminuta da riqueza monetária.
A tendência até aqui enunciada aplica-se também ao 4º quintil. O subconjunto da população que compõe o grupo dos 60%-80% mais ricos tem um rendimento que equivale a 21,6% do rendimento total do país. Apenas em França este grupo apresenta um valor mais baixo (21,5%). A riqueza monetária deste grupo de rendimentos em Portugal é inferior em 2,3 pontos percentuais à apurada em Espanha (23,9%) – o país da UE-27 que apresenta o valor mais elevado para esta medida. De qualquer forma, é interessante verificar que é no 4º quintil que existe uma menor dispersão dos resultados nacionais.
A posição de Portugal inverte-se quando se analisam os rendimentos do topo da distribuição. Na verdade, a porção do rendimento auferido pelo quintil do topo em Portugal é a mais elevada registada no conjunto de países da UE-27. De facto, os 20% mais ricos em Portugal detinham, em 2008, 43,2% do rendimento total. Este é um valor superior ao verificado na Eslovénia em cerca de 10 pontos percentuais, e sensivelmente 9 pontos percentuais mais elevado face ao registado na Suécia e na Dinamarca: 33,1%, 34,1% e 34,4%, respectivamente. Apenas a Letónia, a Lituânia, a Roménia, a Bulgária, a Grécia e o Reino Unido apresentam para este indicador valores acima dos 40%.

http://observatorio-das-desigualdades.cies.iscte.pt/index.jsp?page=indicators&lang=pt&id=223

Les dettes illégitimes, de François Chesnais – Introduction

François Chesnais

Nous reproduisons ici avec l’autorisation de l’auteur l’introduction du livre de François Chesnais, Les dettes illégitimes – Quand les banques font main basse sur les politiques publiques, Raisons d’agir, 2011.



dettes Les dettes illégitimes, de François Chesnais   Introduction

« Tout problème humain demande à être considéré à partir du temps. L’idéal étant que toujours le présent serve à construire l’avenir. Et cet avenir n’est pas celui du cosmos, mais bien celui de mon siècle, de mon pays, de mon existence. […] J’appartiens irréductiblement à mon époque. Et c’est pour elle que je dois vivre. L’avenir doit être une construction soutenue de l’homme existant. »

FRANTZ FANON, Peau noire, masques blancs.

INTRODUCTION

Le 22 mars 2011, les salariés grecs ont fait grève et manifesté une nouvelle fois à Athènes contre la politique du gouvernement Papandréou. À la veille du sommet européen qui devait avaliser le « pacte de compétitivité et de convergence », dit « pacte pour l’euro », le gouvernement venait d’annoncer un nouveau train de mesures d’austérité et de libéralisation. Depuis le début de 2010, c’était la dixième fois environ que les travailleurs grecs manifestaient, mais la première fois qu’une des principales banderoles exigeait l’« annulation de la dette ». Interrogé par le correspondant du Monde, un manifestant a répondu : « Nous ne sommes pas responsables de ce qu’ont fait les précédents gouvernements. » Cela ne vaut pas seulement pour la Grèce, mais pour tous les peuples sommés d’assumer la charge de dettes publiques contractées dans des conditions échappant à leur contrôle, voire à leur connaissance. La dénonciation de la dette est une question politique majeure qui se pose pour beaucoup de pays, y compris la France. Elle intéresse celles et ceux qui combattent contre la régression sociale et l’injustice, pour une démocratie qui ne soit pas un simple paravent masquant la domination de l’oligarchie financière.

Beaucoup a été écrit depuis les années 1980 sur la dette des pays du tiers-monde, désignés aujourd’hui sous l’appellation de « pays du Sud ». Dans le cas des pays d’Amérique latine, de nombreux travaux ont expliqué la genèse de leur dette et ont analysé les conséquences économiques et sociales régressives de celle-ci. Aujourd’hui les dettes publiques européennes commencent à faire l’objet de telles études, auxquelles le présent livre souhaite apporter sa contribution. Comme d’autres publications, il se concentre surtout sur les dettes des pays membres de la zone euro, qui partagent une monnaie unique et sont soumis à des instances de décision communes : la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et l’Eurogroup où se concertent les gouvernements de la zone euro. Les dettes latino-américaines résultaient de prêts bancaires classiques et comportaient un face-à-face entre des gouvernements et des consortiums de banques. Dans le cas des dettes publiques actuelles, il y a eu émission et adjudication sur des marchés spécialisés, dits « marchés obligataires », de bons du Trésor et autres titres de dette. Ces titres ont été achetés par deux groupes d’institutions financières, les banques et les fonds de placement spéculatifs, désignés aujourd’hui du nom de Hedge Funds. Les dettes latino-américaines et européennes ont été contractées à des étapes différentes de la libéralisation et de la mondialisation de la finance, mais elles ont des points en commun, dont celui de servir d’instrument destiné à accélérer la libéralisation et la déréglementation. Un document du FMI de novembre 2010 explique clairement que l’endettement des gouvernements peut les aider à imposer les « réformes » propres au capitalisme libéralisé, financiarisé et mondialisé : « Les pressions des marchés pourraient réussir là où les autres approches ont échoué. Lorsqu’ils font face à des conditions insoutenables, les autorités nationales saisissent souvent l’occasion pour mettre en oeuvre des réformes considérées comme difficiles, comme le montrent les exemples de la Grèce et de l’Espagne. » Il faut prendre cet avertissement au sérieux. Depuis un an, les peuples grecs et portugais ont déjà vécu une régression sociale considérable. Ceux d’Espagne et d’Irlande sont appelés à s’appauvrir pour payer les créanciers des banques. Et c’est pour que la France conserve la note AAA donnée par les agences de notation que le calendrier de la réforme des retraites a été changé et que celle-ci a été menée sans ménagement.

Subir la crise sous la forme d’une « double peine » ?

Ce livre présente l’Europe non comme une forteresse à défendre ou à partir de laquelle lancer des « croisades », mais comme le berceau d’idées et de mouvements politiques tournés vers l’émancipation, individuelle et collective. Aujourd’hui, les économies européennes sont confrontées à la perspective d’une longue récession, accompagnée d’un chômage de masse structurel, qui frappe déjà et qui frapperait toujours plus fortement les salariés de plus de cinquante ans et surtout les jeunes. Depuis l’automne 2008, dans la très grande majorité des pays européens comme dans beaucoup de parties du monde, les salariés et les jeunes ont subi les effets de la crise sous la forme du chômage dont le BIT a rappelé récemment l’ampleur4, ainsi que sous celles d’une précarité et d’une déqualification accrues de l’emploi. Depuis 2009, les groupes industriels européens ont réalisé l’essentiel de leurs nouveaux investissements en Asie ou dans les plus grands pays d’Amérique latine. C’est le cas de groupes français importants. Dans de nombreuses régions industrielles d’Europe, les salariés sont frappés par le chômage de masse, à un niveau jamais atteint depuis les années 1930. Ils y sont confrontés dans les conditions inédites d’une internationalisation très poussée de la production industrielle. Partout en Europe, au tournant des années 2010, chez Fiat à Mirafiori, les entreprises exigent des baisses de salaires, une intensité du travail accrue et l’abandon des libertés syndicales. Quelques semaines après avoir arraché aux salariés un vote de consentement, elles annoncent que le transfert de la production aura lieu quand même. Les ouvriers de Continental en ont fait les frais, pour ne citer qu’eux.

Cette situation a deux causes. La première est évidemment la crise économique et financière mondiale. Aux États-Unis et en Europe, il s’agit d’une crise de surinvestissement et de surproduction qui a une acuité particulière dans des industries déterminées, notamment le bâtiment et l’automobile. Dans ces deux parties du système capitaliste mondial, la crise marque les limites d’un « modèle » ou d’un « mode de croissance » dans lequel la production et la vente de biens et de services ont été entretenues par un endettement élevé des entreprises et surtout des ménages, moyen conçu par la finance pour contrecarrer la faiblesse de la demande due à la baisse de la part des salaires dans le revenu national – à laquelle elle a du reste fortement contribué. L’effondrement de ce modèle, dont le détonateur a été la crise de montages financiers insoutenables autour du crédit immobilier, a laissé derrière lui d’importantes capacités de production excédentaires, de biens immobiliers inoccupés et un montant très élevé de dettes privées à épurer.

L’autre cause est à chercher dans les politiques de rigueur budgétaire et de réduction salariale suivies dans la zone euro, comme dans la très grande majorité des pays de l’Union européenne6. En 2008, beaucoup de pays danubiens et baltiques intégrés depuis peu dans l’UE se sont vu imposer une potion assez similaire à celle administrée au groupe de pays auquel les traders ont donné l’acronyme de PIGS (en anglais Portugal, Ireland, Greece, Spain, la lettre I pouvant aussi désigner l’Italie). Ces politiques sont menées au nom de la réduction des dépenses publiques posée comme un préalable nécessaire à celle de l’endettement. Elles ont un caractère dit « procyclique » dans le langage économique. Là où elles n’enfoncent pas les pays dans la récession, elles leur imposent un taux de croissance très faible, synonyme de stagnation. Parce qu’ils ont fortement réduit l’imposition des revenus du capital et des profits et qu’ils ont autorisé de facto l’évasion fiscale vers les paradis fiscaux, beaucoup de pays se sont en effet lourdement endettés. Dans certains cas (Grèce, mais aussi France et Italie), l’endettement avait commencé à croître bien avant la crise. Celle-ci l’a considérablement aggravé. Dans d’autres pays, notamment l’Espagne et l’Irlande, la dette est née de l’effondrement de la bulle immobilière et du fort endettement consécutif des banques et des promoteurs immobiliers, que les gouvernements ont décidé de porter à la charge de l’État. Les grandes banques européennes, qui détiennent une partie importante des titres publics des États les plus exposés, ont reçu une aide considérable à l’automne 2008 au moment où la faillite de la banque Lehman Brothers à New York conduisait la crise financière à son paroxysme. Les banques européennes n’ont pas épuré tous les actifs toxiques de leurs comptes et continué à faire des placements à haut risque. Au printemps 2010, elles ont convaincu certains gouvernements, ceux de l’Allemagne et de la France en premier, ainsi que l’Union européenne et la BCE, que le risque de défaut de paiement de la Grèce mettait leur bilan en danger. Elles ont exigé d’être mises à l’abri des conséquences de leur gestion.

En mai 2010, au terme de négociations longues et tendues, un accord a été conclu à Bruxelles sur un « plan de lutte contre les risques de contagion des dettes souveraines » à hauteur de 750 milliards d’euros, soit à peu près le montant du plan de secours états-unien monté en catastrophe en septembre 2008 lors de la faillite de la banque Lehman Brothers. En mars 2011, cet accord a été prolongé et assorti de dispositions draconiennes (cf. infra chapitre 3). Un banquier britannique a noté au sujet des mesures de 2010 qu’il était « plus facile de vendre un tel plan en disant qu’il doit servir à sauver la Grèce, l’Espagne et le Portugal, que d’avouer qu’il doit d’abord sauver et aider les banques ». Appréciation peu discutée en France, mais partagée par le Financial Times : « fondamentalement on n’a pas affaire à une crise de la dette des États, mais à une crise bancaire doublée d’une crise de coordination des politiques [au sein de l’UE] ». On s’accorde à dire que la crise bancaire a ses racines dans une expansion débridée de certaines formes de crédit, notamment immobilier, dans certains pays, ainsi que dans les placements à très forts risques des grandes banques françaises et allemandes. Le manque de coordination est vrai pour la politique monétaire. Il ne date pas de 2010, car il résulte de la nature même de la zone euro et de la grande hétérogénéité des pays qui en font partie. En revanche, dans le cas des politiques budgétaires et salariales, on a affaire à des politiques similaires. Elles prennent la forme de fortes baisses des dépenses sociales, de diminution de traitements des fonctionnaires et de réduction de leur nombre, ainsi que de nouvelles atteintes aux systèmes des retraites, que ceux-ci soient par capitalisation ou par répartition. Les premiers pays, tels la Grèce et le Portugal, à les avoir appliquées ont été pris dans une spirale infernale dont les couches populaires et les jeunes sont les victimes immédiates. La chute de la production et la montée du chômage résultant des coupes budgétaires et d’une rigueur salariale accrue y ont provoqué une baisse de rentrées fiscales. Le ratio de la dette publique au produit intérieur brut (le PIB), qui est l’un des indicateurs scrutés par les agences de notation, loin de diminuer, s’est aggravé. Le niveau des taux d’intérêt demandés par les banques et les Hedge Funds s’est donc élevé lors de chaque nouvelle émission de bons du Trésor. Les pays les plus endettés sont pris dans une spirale infernale. Chaque deux ou trois mois, les agences de notation et les investisseurs, mais aussi les institutions européennes demandent un tour de vis supplémentaire, budgétaire et salarial, aux gouvernements ; le chômage monte ; la TVA, qui est dans beaucoup de pays l’une des plus importantes sources de recettes fiscales, baisse, creusant le déficit budgétaire malgré la réduction des dépenses. L’émission suivante de titres est encore plus onéreuse que la précédente et donc le service des intérêts encore plus lourd. Les Hedge Funds ont profité de la faiblesse des pays les plus vulnérables et fait grimper les taux d’intérêt.

En France, la soudaine nécessité de « réformer » le système des retraites de l’été 2010

Nicolas Sarkozy s’était fait élire en 2007 sur un programme qui comportait l’engagement de ne pas toucher aux retraites au cours de son mandat. Trois ans plus tard, la réforme des retraites est devenue impérative, qualifiée par lui de « mère de toutes les réformes ». Une dépêche de l’agence de presse Reuters du 16 juin 2010 explique fort bien pourquoi (les références allant dans ce sens abondent) : « Le paquet de mesures dévoilé mercredi par le ministre du Travail Éric Woerth vise à rééquilibrer dès 2018 le système de retraites, qui autrement aurait présenté à cette date un déficit estimé à plus de 40 milliards d’euros […]. Avec son calendrier accéléré, la réforme des retraites en France devrait satisfaire les agences de notation, veut croire le gouvernement. Les sources de Bercy insistent sur le calendrier accéléré de la réforme, alors que la date de 2020 était jusqu’ici la plus souvent évoquée pour l’élimination du déficit des retraites. Le président de la République a vivement souhaité que le problème soit rapidement réglé tout en restant socialement supportable et équitable pour l’ensemble de la population. Pour sa part, le ministère des Finances espère voir confortée la note AAA dont bénéficie la dette souveraine de la France sur les marchés financiers. »

Objectif confirmé par François Fillon dans une intervention du 25 juin : « Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité financière de la France, c’est la qualité de notre signature, donc le niveau auquel nous empruntons, et c’est ultimement, au fond, une part de notre souveraineté. » Phrase qui mérite d’être analysée, en raison de la définition tout à fait nouvelle que le Premier ministre donne de la souveraineté. Il fait dépendre celle-ci des desiderata des banques et des fonds de placement, français et étrangers (ceux-ci détenant une part pouvant varier, selon les émissions, d’environ deux tiers des bons du Trésor et titres de la dette publique). Frédéric Lordon est l’un de ceux qui ont énoncé en premier la portée de la « configuration inédite de la politique moderne dans laquelle nous a fait entrer la libéralisation financière internationale. Car on croyait le peuple souverain la seule communauté de référence de l’État, son ayant droit exclusif, l’unique objet de ses devoirs, et l’on aperçoit comme jamais à l’occasion de la réforme des retraites que, contrairement à de stupides idées reçues, le pouvoir politique ne gouverne pas pour ceux dont il a reçu la “légitimité” – mais pour d’autres. Il y a donc un tiers intrus au contrat social et l’on découvre que, littéralement parlant, c’est lui qui fait la loi ».

En France, jusqu’en 1982-1983, la dette publique était négligeable. Comme on le verra (cf. infra, p. 109) elle est née du cadeau fait au capital financier lors des nationalisations du gouvernement d’Union de la gauche. Sa croissance a épousé le mouvement de la libéralisation financière, dont la première phase des années 1980 a été marquée par des taux d’intérêt réels très élevés. L’endettement de l’État a sa source dans la faiblesse de la fiscalité directe (impôt sur le revenu et impôt sur les entreprises) et dans l’évasion fiscale. Depuis cette époque, plutôt que d’affronter les groupes sociaux qui en bénéficient et qui y ont recours, les gouvernements du Parti socialiste comme ceux du RPR-UMP ont « contourné » le problème de la façon la plus favorable au capital et à la fortune. Ils ont emprunté à ceux qu’ils renonçaient à taxer. L’imposition du capital et des hauts revenus a été diminuée d’abord prudemment, puis sous les gouvernements Jospin, Raffarin et Villepin de façon plus forte avec la multiplication des niches fiscales, avant que Sarkozy ne mette en place en 2007, avec le bouclier fiscal, des mécanismes restituant aux plus riches une partie de l’impôt. L’analyse des origines de la dette de la France aidera à cerner la notion de « dette illégitime » et donc à poser la question de son annulation, non seulement d’un point de vue économique, mais comme question politique à fondement éthique.

En 2007, avant le début de la crise mondiale, la dette représentait déjà 64 % du PIB français. À partir de 2008, la baisse des rentrées fiscales, conjointement au sauvetage des banques et des grandes entreprises de l’automobile, l’a portée à près de 83 %. De quoi permettre aux investisseurs de poser la question de la solvabilité de la France, de pousser leurs porte-parole à inciter le gouvernement à accélérer la privatisation du secteur public et de s’attaquer au statut des fonctionnaires. Depuis le milieu des années 1990, le paiement des intérêts des emprunts a été le deuxième poste budgétaire en France, derrière l’Éducation nationale, et devant la Défense. De 44 milliards d’euros en 2010, il s’élèvera à 57 milliards en 2013. Mais si on prend le total des engagements financiers, c’est-à-dire le paiement des intérêts et le remboursement de la dette, ils sont déjà le premier poste de dépenses, devant l’enseignement, les pensions du secteur public et les dépenses militaires. Le poids de l’impôt, dont la TVA est la colonne vertébrale dans le système français, pèse principalement sur les salariés. Moyennant le service de la dette, ce sont eux qui assurent un transfert très élevé de richesse aux banques et aux fonds de placement financiers. Même si une partie des salariés ont des économies dans un compte d’épargne que leur banque place en bons du Trésor, le transfert net opéré aux dépens des salaires est gigantesque. Aucun changement significatif de la répartition en faveur du travail ne peut se faire sans toucher au service de la dette, donc à la dette elle-même. La taxation des profits et des hauts revenus, mesure centrale de toute reconfiguration de la fiscalité, ne se fera pas tant que cette composante importante du pouvoir du capital n’aura pas été anéantie.

A-t-on besoin des banques sous leur forme actuelle ?

Le rôle des banques est de fournir du crédit commercial à très court terme (l’escompte des effets commerciaux) et des prêts à plus long terme aux entreprises pour leurs investissements. Ce rôle est indispensable au fonctionnement du capitalisme. Il le serait aussi pour toute forme d’organisation économique fondée sur des modalités décentralisées de propriété sociale des moyens de production supposant le recours à l’échange. Le financement de l’économie au moyen de ces deux formes de crédit comporte la création de moyens de paiement, c’est-à-dire de monnaie. C’est même la forme dominante de création monétaire, bien plus importante que la mise en circulation de billets. Ces fonctions indispensables ont été dévoyées. Depuis les années 1980, par étape, les grandes banques se sont transformées en groupes financiers diversifiés, qui cumulent des activités de banque de dépôt et de banque de placement financier. Les opérations de placement effectuées par les traders dans les salles de marché ont plus d’importance que les activités menées auprès de la clientèle dans les agences de quartier. Les groupes bancaires ont soutenu à partir de 2002-2003 la transformation de l’immobilier – logements, résidences secondaires, bureaux – en actif financier, souvent à caractère spéculatif, sans que cela résolve la crise massive du logement. Ils ne l’ont pas fait seulement aux États-Unis, mais aussi en Irlande et en Espagne, premiers pays de la zone euro à être frappés par la crise. Ils ont alimenté, ce faisant, le boom de la construction au moyen d’instruments financiers qui en permettaient le financement de façon très risquée, sinon factice, de sorte que la crise a d’abord pris la forme d’une crise de l’immobilier et des modes de financement fondés sur la titrisation, dont les « actifs toxiques » dits subprime sont les plus connus. À partir de fin 2007 et de la faillite de la banque britannique Northern Rock, les gouvernements ont consacré des sommes élevées au sauvetage des banques. Ils en ont transféré la charge sur les citoyens, soit immédiatement comme en Irlande (les premières coupes budgétaires datent de février 2008), soit un peu plus tard ailleurs. Puis a eu lieu le grand sauvetage de l’automne 2008. Dans le cas de l’Europe, l’exigence d’aider les banques n’a apparemment pas de fin.

Les études et rapports officiels sur la situation des banques aboutissent à des conclusions contradictoires. Les uns jugent leurs bilans fragiles, les autres solides. L’un des points majeurs sur lesquels leur attention se focalise est l’« effet de levier », qui désigne des prêts accordés par les banques excédant très fortement leurs capitaux propres. Il suscite des interrogations quant à la nature des prêts et à la place qu’ils occupent dans l’endettement des États. Est-ce une épargne représentant une substance économique véritable qui a été prêtée, ou a-t-on simplement affaire à des montants fictifs résultant de l’« innovation financière » ? La réponse qu’on donne a évidemment une incidence sur l’appréciation de la légitimité des dettes publiques. La question justifie la nécessité de les examiner de très près.

Le bilan de trois décennies de libéralisation financière et de quatre années de crise pose, en tout état de cause, la question de l’utilité économique et sociale des banques dans leur forme actuelle. Devenues des conglomérats financiers, les banques ont-elles droit au soutien des gouvernements et des contribuables chaque fois que leurs bilans sont menacés du fait de leurs propres décisions de gestion ? Beaucoup de gens commencent à en douter et l’expriment parfois, comme l’a fait Éric Cantona, dans des formes que les médias ne peuvent pas ignorer.

Nicolas Sarkozy a été obligé d’inviter, très poliment, les dirigeants des grandes banques bénéficiaires du sauvetage financier d’octobre 2008 à venir lui expliquer pourquoi elles consentaient si peu de crédits aux petites et moyennes entreprises, d’autant plus que la BCE leur prêtait alors des liquidités au taux très bas de 1 %. Il s’agissait d’une simple mise en scène destinée à essayer de calmer l’opinion.

Déjà en 2006, donc hors de tout contexte de crise, le rapport sur les banques françaises commandé par le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (à l’époque Thierry Breton) soulignait que les PME « rencontraient des difficultés pour accéder aux crédits bancaires ». Plus graves et plus symptomatiques encore sont les « actifs toxiques » que les municipalités, les régions et même certains hôpitaux ont été poussés à acheter par les banques. Sensés faciliter par leur rendement élevé le financement de projets d’investissement lourds dans un contexte de transfert de dépenses par l’État, ces achats de titres ont aggravé qualitativement la situation financière des entités publiques. Les élus viennent de se constituer en association pour mener des actions judiciaires collectives contre les banques. L’achat de titres financiers opaques, de contrats de swap notamment, illustre bien entendu le fait que le fétichisme de l’argent n’est pas le propre des seuls traders, puisqu’il emporte le jugement des élus et des administrateurs locaux. Mais les banques savaient parfaitement les risques qu’elles leur faisaient prendre, le jeu de casino dans lequel elles les faisaient entrer. Le supplément d’endettement contracté par les municipalités relève des « dettes odieuses », dont on parlera plus longuement par la suite (cf. infra, p. 105),  « celles qui ont été contractées contre les intérêts des populations d’un État (ici une municipalité), sans leur consentement et en toute connaissance de cause du côté des créanciers ».

Ainsi, les banques se sont détournées de leur fonction indispensable de crédit aux particuliers et aux entreprises pour s’engager dans des activités de spéculation financières nocives et dépourvues d’utilité sociale. Il est temps non pas de détruire les banques, mais de les saisir afin qu’elles puissent remplir les fonctions essentielles qui sont en principe les leurs.

Quelles solutions opposer à l’endettement public et aux politiques menées en son nom ?

Les effets économiques procycliques des politiques suivies en Europe vont y aggraver la situation sociale, dans les pays obligés de solliciter l’aide de l’UE comme dans toute l’Europe. La contagion touchera les pays voisins du continent. Les problèmes sociaux y seront d’autant plus sérieux que les conséquences de la hausse des prix alimentaires, provoquée au moins en partie par la spéculation financière, viendront s’ajouter aux effets dépressifs propagés depuis l’UE. Certains lieux de réflexion stratégique de la finance jugent qu’il faut gérer les dettes publiques autrement que ne le font l’UE et la BCE. L’idée qui gagne du terrain est de procéder à la « restructuration » des dettes souveraines, notamment celles de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande. Elle a été défendue en janvier par l’hebdomadaire The Economist, l’un des principaux porte-parole de la City de Londres. Le terme désigne l’échelonnement dans le temps – un temps dont la durée est décidée par les créanciers – du remboursement du principal des prêts, ainsi que l’aménagement du service des intérêts à la capacité de paiement du pays – dans des conditions également décidées par eux. La notion peut être étendue pour inclure l’annulation de la dette due à certaines catégories de créanciers. C’est ce que Martin Wolf, éditorialiste du Financial Times et chroniqueur du Monde de l’économie, défend pour l’Irlande.

La restructuration des dettes est rejetée pour le moment par la majeure partie des investisseurs financiers qui redoutent des réactions incontrôlables de panique sur les marchés financiers. Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, s’en est fait l’écho : « Une restructuration se ferait au détriment de la crédibilité de notre pays et de la santé du système bancaire national et européen. Elle pourrait provoquer l’effondrement des banques grecques et produirait une avalanche d’attaques spéculatives contre un grand nombre d’autres pays européens. » Mais l’idée fait son chemin, d’autant que les termes des restructurations seraient décidés par les représentants des créanciers, en l’occurrence la BCE et le FMI avec, en arrière-plan, le gouvernement allemand.

Le terme « restructuration » est également utilisé par des économistes qui combattent le néolibéralisme ainsi que les institutions européennes dans leurs formes actuelles. Ils donnent au mot le contenu d’une annulation d’une partie importante des dettes. Ne serait-il pas préférable d’utiliser ce terme plus clair et plus mobilisateur qui n’est pas entaché d’une expérience historique douloureuse, celle des pays d’Amérique latine, notamment le Mexique, dans les années 1980, lors de la restructuration organisée par le  « plan Brady » (œuvre du secrétaire d’État des finances des États-Unis de l’époque) ? Les termes en avaient été dictés par les banques créancières et leurs gouvernements, réunis au sein d’une institution portant le joli nom de « club de Paris » (qui possède toujours des bureaux à Bercy puisque certaines dettes n’ont toujours pas été annulées). Ils avaient inclus la cession d’actifs industriels et énergétiques et avaient opéré au bénéfice des créanciers une longue et douloureuse ponction de la richesse produite dans les pays objets de cette potion amère. Les années 1980 ont été pour ces pays ce que les Latino-Américains ont nommé une « décennie perdue ».

Dans les années 2010, il serait encore plus dangereux qu’un continent entier accepte de vivre une « décennie perdue » pour satisfaire les actionnaires et les dirigeants des banques (car l’Allemagne finirait par se faire happer par la récession prolongée). La consolidation de la domination des banques et des investisseurs financiers aurait un impact bien au-delà de l’Europe – pas seulement dans le domaine économique, social et culturel, mais aussi sur le terrain des luttes autour du changement climatique et contre le pillage des ressources naturelles. On comprend l’importance d’un large débat dans la gauche et l’anticapitalisme pour s’entendre sur ce que la restructuration pourrait signifier exactement.

Prendre position sur les banques et le crédit a pour corollaire la remise en question de l’euro. Aujourd’hui, la monnaie commune pilotée par la BCE est l’instrument au plan monétaire des politiques de mise en concurrence entre salariés et de démantèlement des acquis sociaux auxquelles les traités de Maastricht et de Lisbonne servent de cadre institutionnel et juridique. À mesure que la crise mondiale se développait, l’euro s’est révélé être un système marqué par des contradictions et une instabilité majeures, que l’Allemagne et ses alliés dans la zone euro cherchent à contenir. Soutenus par le gouvernement Sarkozy, ces pays viennent d’obtenir la création de nouvelles procédures européennes de surveillance mutuelle des budgets et des politiques économiques et sociales, ainsi une « stratégie de croissance », dite de « compétitivité », fondée sur la « modération salariale ». Ces dispositions, baptisées « pacte de compétitivité par la convergence » ou  « pacte pour l’euro », feront l’objet d’un ajout à l’article 136 du traité de Lisbonne. Le texte, déjà rédigé, sera présenté dès que la situation politique interne des pays de l’UE le permettra. Selon les Économistes atterrés, on a affaire à des mesures destinées à « pérenniser la tutelle des intérêts financiers sur les politiques économiques des États européens ». Elles accentueraient encore les traits fortement antidémocratiques de l’UE et créeraient dans la zone euro une espèce de Directoire des dirigeants des pays les plus puissants. Le combat contre le pacte pour l’euro s’impose. Il n’en va pas de même pour la sortie de l’euro défendue par certains économistes.

L’éclatement de la zone euro sous l’effet des conditions insupportables imposées aux pays les plus endettés ne peut pas être exclu. En France, certains économistes et politistes sont prêts à devancer cette éventualité. Ils défendent la sortie de l’euro. Ils préconisent le retour au franc ainsi que sa dévaluation,dont on a pourtant vu les effets sociaux néfastes dans les années 1980. La sortie de l’euro est également défendue par des économistes grecs. Ce n’est pas la position défendue dans ce livre. L’enjeu est d’aider à la convergence des luttes sociales et politiques des peuples soumis aujourd’hui à une Europe néolibérale vers un objectif de contrôle social démocratique commun de leurs moyens de production et d’échange, donc aussi de l’euro. L’avenir de ceux qui ne bénéficient pas de rentes financières, donc de l’écrasante majorité des citoyens des pays d’Europe, va dépendre de leur capacité à créer ensemble ce qui n’existe pas actuellement, à savoir une véritable union. Dans différents pays européens, la réflexion politique autour de la crise, de la dette publique et de l’euro a débuté dans des formes propres à chaque pays. Dans la perspective de la construction d’une « autre Europe », ne pourrait-on définir des objectifs communs tels que ne pas payer les dettes, saisir les banques, y compris la BCE, et les socialiser pour les contrôler efficacement ? 


Accès libre / accès payant

Une sélection d'articles de chaque numéro de la RdL est en accès libre. Les articles des rubriques "Les + Web de la RdL" et "Actualités" du site sont également en accès libre. Les abonnés reçoivent par voie postale à parution chaque nouveau numéro (hors-série inclus) et peuvent accéder en ligne à l'intégralité des archives de la revue. Les articles du numéro en cours sont ajoutés aux archives de la revue -- et sont donc accessibles en intégralité aux abonnés -- à la parution du numéro suivant.

Vous appréciez ce site et la RdL ? Inscrivez-vous à notre lettre d'information électronique, faites découvrir la revue à vos proches et amis, achetez la revue, abonnez-vous, offrez un abonnement
http://www.revuedeslivres.fr/les-dettes-illegitimes-de-francois-chesnais-introduction/ 

Greve geral necessária

Carvalho da Silva

Quando a dignidade, a justiça, a democracia e a soberania estão em causa, toda a luta de um povo, todos os sacrifícios se justificam. A situação financeira e económica dos trabalhadores e das suas famílias é dura, as pressões do desemprego, da precariedade e de alguns autoritarismos patronais são violentas. Mas são também muito fortes a necessidade e a oportunidade da greve geral do próximo dia 24.
Como já aqui escrevi, a proposta de Orçamento do Estado para 2012 perspectiva um ciclo de austeridade, de recessão económica e deterioração orçamental que não sabemos até onde se prolongará e quais os seus efeitos totais. As políticas que o Governo se propõe adoptar assentam na recessão económica e tornam o agravamento do desemprego, a facilidade de despedir, o aumento dos horários de trabalho, a redução da retribuição do trabalho e os cortes com as prestações sociais, como factores estruturantes do empobrecimento dos portugueses.
Por aqui não podemos pagar dívidas. E o prestígio de Portugal não aumentará se empobrecermos.
Ninguém fica em melhores condições para vencer desafios futuros se empobrecer!
Os trabalhadores da Administração Pública perdem, em média, em dois anos, cerca de 30% da sua retribuição. A proposta de aumento dos horários de trabalho em 2,5 horas semanais é ignóbil que resultaria, inevitavelmente, em mais desemprego e numa grande perda salarial.
Espera-se que Portugal registe, em 2012, a maior recessão económica do conjunto dos países da OCDE. Entretanto, tenhamos presente que as políticas implementadas são as mesmas que foram seguidas na Grécia e que o "The Economist", em 29.10.11 chamava a atenção para o facto de, na Grécia, a recessão verificada se ter situado a níveis bem piores do que era esperado.
Aplaudir as orientações da troika é puro acto de masoquismo!
Aceitar que estes tecnocratas ao serviço dos nossos credores e agiotas se dêem ao desplante de virem ao nosso país afirmar na Comunicação Social as políticas que devemos seguir significa abdicarmos da nossa soberania. As suas sugestões de mais cortes na saúde, nas condições das autarquias e nos subsídios de férias e de Natal constituem autênticas provocações e permitem mais chantagens sobre os trabalhadores.
É evidente que a crise da União Europeia (UE) "é sistémica" (Durão Barroso no Parlamento Europeu), que o descalabro das políticas seguidas pela UE vão afectando cada vez mais países e provocam uma estagnação económica generalizada, que a mudança de rumo é imprescindível, que vamos ter de encarar o projecto de desenvolvimento do país em contexto de múltiplas novas condições.
Para travar os perigos, para resistir com êxito e para ganhar os desafios do futuro é preciso que os trabalhadores e o povo não se conformem e intervenham com a sua luta e as suas propostas.
À troika temos de dizer que a situação exige uma renegociação profunda do "Memorando" em que o alargamento do prazo para a redução do défice público e a redução da taxa de juro cobrada são elementos centrais, visando permitir o crescimento da economia e do emprego, condições essenciais para o país diminuir o peso da dívida, pública e privada. A taxa de juro tem de baixar, sem qualquer taxa adicional para além do custo de obtenção do empréstimo pelas entidades financiadoras. A dimensão da dívida pública exige uma reestruturação para que se prolonguem os prazos de vencimento dos empréstimos e se reduza o montante da dívida.
Na preparação desta greve é preciso relembrar: nunca os trabalhadores e a sua luta foram obstáculo à economia, antes pelo contrário!
Quando os sindicatos e os trabalhadores lutavam contra a destruição do aparelho produtivo eram alcunhados de retrógrados.
Não foi a luta do povo português e dos trabalhadores que levou aos descalabros das parcerias público-privadas ou do BPN que consumiram dezenas de milhares de milhões de euros que agora o povo tem de pagar.
A greve geral é por direitos e condições de trabalho e por direitos sociais fundamentais mas, acima de tudo, por Portugal, contra o retrocesso social e civilizacional em curso e pelo futuro das jovens gerações.

http://www.jn.pt/Opiniao/default.aspx?content_id=2134454&opiniao=Carvalho%20da%20Silva

18/11/2011

Deputados alemães conheceram novos planos de ajuste de Dublin antes dos irlandeses

A notícia está a ser divulgada pela edição online da RTVE, em Espanha, onde se refere que o plano de ajuste, que prevê cortes de 3.800 milhões de euros em 2012 e de 3.500 milhões de euros em 2013 foi filtrado por deputados alemães.
Os deputados do comité de Finanças do parlamento alemão, o Bundestag, tiveram acesso antes que a população irlandesa aos compromissos que o governo de Dublin adotou com a 'troika', através de um documento confidencial, que entretanto foi filtrado para a imprensa.

http://noticias.sapo.pt/internacional/artigo/deputados-alemaes-conheceram-novos-planos-de-ajuste-de-dublin-antes-dos-irlandeses_13371681.html

Consumo privado afunda e leva economia à maior queda em mais de dois anos

Ana  Filipa Rego

O indicador da actividade económica acentuou a queda e registou em Outubro a pior leitura desde Abril de 2009. Uma evolução penalizada pela diminuição do consumo privado que foi a pior desde que há registos.  

revelam o que já se esperava: uma deterioração da economia e do consumo. As leituras dos indicadores de conjuntura são mês, para mês, mais pessimistas.

O indicador coincidente mensal para a evolução homóloga tendencial da actividade económica registou, assim, uma quebra de 2,9% em Outubro e está a cair há oito meses consecutivos.

Já o indicador coincidente mensal para a evolução homóloga tendencial do consumo privado, calculado pelo Banco de Portugal, afundou 3,9%, registando uma diminuição pelo 11º mês consecutivo.

Cenário deve agravar-se nos próximos meses

Estes dados confirmam as recentes informações económicas. Ainda esta semana, o INE revelou que o abrandamento das exportações e queda acentuada no consumo ditaram contracção de 0,4% no PIB português no terceiro trimestre face ao trimestre anterior. Em termos homólogos a economia portuguesa recuou 1,7%.

E já hoje, a mesma entidade confirmou a degradação da actividade económica em Setembro.

O consumo privado tem sido um dos principais responsáveis pela recessão em que a economia portuguesa se encontra, com os gastos das famílias a serem penalizados pela quebra do rendimento relacionada com as medidas de austeridade. A Função Pública viu os seus salários cortados a partir dos 1.500 euros, a taxa máxima do IVA passou de 21% para 23%, o desemprego aumentou e a incerteza sobre o futuro continua elevada.

Outubro continua a evidenciar todas estas dificuldades e as previsões apontam para que este cenário se mantenha nos próximos meses. Até porque a deterioração do consumo deverá ser ainda mais visível no próximo ano, depois do Governo ter decretado o corte dos subsídios de férias e de Natal para os funcionários públicas, reformados, e trabalhadores de empresas do sector empresarial do Estado.

http://www.jornaldenegocios.pt/home.php?template=SHOWNEWS_V2&id=520451

Contra a exploração e o empobrecimento - Greve Geral de 24 de Novembro de 2011



http://www.cgtp.pt/index.php

Crisis de la deuda, tecnócratas, bomberos y pirómanos

Xavier Caño Tamayo

Se han quitado la careta del todo y ya sacan y ponen gobiernos a su antojo. Como ha denunciado el profesor Alberto Garzón, el FMI, la Comisión Europea y el Banco Central Europeo, han impuesto gobiernos títeres a Grecia e Italia. Pero son gobiernos técnicos, tecnócratas, han jaleado y aplaudido casi todos los medios europeos. Veamos cuan “técnicos” son.

El nuevo primer ministro “tecnócrata” de Grecia, Lukas Papademos, fue vicepresidente del Banco Central Europeo. Y también gobernador del Banco de Grecia entre 1994 y 2002: precisamente cuando se falsificaron las cuentas públicas con la imprescindible ayuda de la banca Goldman Sachs. Por cierto, en ese tiempo de falsificación, Petros Christodoulos era director del National Bank of Greece (que algo tuvo que saber), también directivo de Goldman Sachs. Hoy dirige el organismo que gestiona la deuda griega.

El otro primer ministro (que tampoco ha votado ningún ciudadano) es el “tecnócrata” Mario Monti. Fue comisario de Mercado Interior y Competencia de la Comisión Europea y, cómo no, consultor internacional de Goldman Sachs.

Sin entrar en detalles, que Mario Monti y Papademos sean quienes han de resolver los problemas de Italia y Grecia es como contratar pirómanos para tareas de bomberos.

Un tercer nuevo dirigente en liza para que Grecia e Italia se ajusten aún más en aras de la banca europea, es el recién designado (nunca elegido) presidente del Banco Central Europeo, Mario Draghi, quien igualmente fue vicepresidente de Goldman Sachs de Europa así como responsable de la venta de los productos financieros con los que en algún momento se ocultó parte de la deuda soberana griega.

Sobre la catadura moral y la fiabilidad de la americana banca Goldan Sacchs, pero tan presente en el escenario de la deuda europea, cabe recordar que la SEC, órgano supervisor de los mercados financieros de Estados Unidos, ha demandado a Goldman Sachs por presunto fraude en la venta de bonos hipotecarios.

A la vista de este panorama de tecnócratas como gran solución (en realidad son zorros para vigilar el gallinero), Marcello Musto, profesor de la York University de Toronto, denuncia que la economía no sólo domina a la política, sino que le ha arrebatado las competencias y anulado el control democrático. Por eso cualquier cambio de gobierno no altera ni un ápice la implacable aplicación de políticas neoliberales de austeridad fiscal y recorte social, presentadas además como la única salida posible.

Ese sometimiento de la política democrática al poder económico se perpetra bajo el camuflaje de lo “apolítico”, porque lo “técnico” es lo "apolítico" por excelencia. Pero tras la falacia de los gobiernos de tecnócratas están la ideología y política más neoliberales y conservadoras que uno se imagine, así como la eliminación de la política democrática, porque, cuando de finanzas, deuda y beneficios para la banca se trata, quedan excluidos referendos, elecciones y otras veleidades democráticas.

Lo cierto es que esta Unión Europea (con especial protagonismo de la Comisión Europea y del BCE) siempre ha tenido problemas con la democracia, porque la democracia de verdad interfiere en los grandes enjuagues de la minoría rica y privilegiada a cuyo servicio están. Cuando Irlanda votó “no” al Tratado de Niza, por ejemplo, rápidamente se pidió al gobierno irlandés que organizara otra votación que aprobara el Tratado de Niza. Como la trampa de lanzar una moneda al aire para resolver un dilema tantas veces como sea preciso hasta que sale lo que uno quiere que salga.

Y es que las decisiones de calado en la UE no las toman los parlamentos, ni siquiera la Comisión Europea, sino un contubernio (que no aparece como órgano institucional en ningún tratado constitucional europeo), integrado por ocho personas que no han sido elegidas para esa tarea ni para ninguna otra (salvo Merkel y Sarkozy). Son, además de los citados (pero ningún otro primer ministro o presidente de país europeo), Lagarde (presidenta del FMI), Mario Draghi (presidente del BCE), Barroso (presidente de la Comisión Europea), Jean-Claude Juncker (presidente del Eurogrupo), van Rompuy (presidente del Consejo Europeo) y Olli Rehn (comisario europeo de asuntos económicos).

Así las cosas, hacemos nuestras las palabras de Douglas Fraser, presidente de la poderosa federación de trabajadores de la industria del automóvil (UAW) de Estados Unidos, quien en 1978 denunció a la clase empresarial “por haber escogido la guerra contra los trabajadores, los desempleados, los pobres, las minorías, los jóvenes y los ancianos, e incluso contra sectores de las clases medias”.

Solo que hoy es el sector financiero el que protagoniza esa guerra y se carga la democracia.


http://www.argenpress.info/2011/11/crisis-de-la-deuda-tecnocratas-bomberos.html
Related Posts with Thumbnails