À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

01/01/2010

2010, priorité à la lutte contre le chômage

L'envolée sans précédent du chômage, loin d'être terminée, nécessiterait une mobilisation générale, comme l'an dernier pour les banques. Mais pour l'instant, on ne voit rien venir...

3,8 millions de chômeurs étaient inscrits à Pôle emploi (1) en octobre dernier, 700 000 de plus qu'en décembre 2007. Au cours des trente dernières années - les "Trente Piteuses" qui ont succédé aux "Trente Glorieuses" -, le pays a déjà connu quelques moments où le chômage a été encore plus important qu'aujourd'hui, mais jamais il n'avait été confronté à une hausse aussi brutale et rapide que celle que nous sommes en train de vivre. Et selon les prévisions actuellement disponibles, c'est loin d'être fini: bien que l'économie française soit sortie de la récession depuis déjà neuf mois, 2010 devrait encore être marquée par une nouvelle hausse sensible du chômage. En effet, la reprise est très lente et l'activité n'est toujours pas revenue au niveau d'avant la crise. Les entreprises qui avaient souvent fait le dos rond au coeur de la tempête ajustent désormais leurs effectifs à la baisse.

Ce retour du chômage de masse vient briser un rêve: celui de voir le papy-boom résoudre la question sans qu'il soit nécessaire désormais que les décideurs politiques s'occupent activement de l'emploi. On s'en souvient: Nicolas Sarkozy avait même réussi à se faire élire en 2007 grâce au slogan "travailler plus pour gagner plus", sans que personne ne s'inquiète vraiment du fait que le "travailler plus" des uns puisse signifier "travailler moins" pour d'autres.

Dans un tel contexte, le retour du chômage de masse risque d'avoir, au-delà même des importantes difficultés qu'il impose à ceux qui le subissent directement, un effet particulièrement délétère sur une société française dont la cohésion sociale était déjà très fragilisée. En désespérant en particulier une jeunesse qui s'était prise à croire que les papy-boomers allaient enfin lui céder la place en masse sur le marché du travail. Le chômage pourrait bien aussi tuer la reprise économique elle-même, car il risque d'avoir raison de la consommation des ménages, qui avait bien résisté jusque-là et tirait l'activité.

Dans ces conditions, on s'attendrait logiquement à une "mobilisation générale", à ce qu'on fasse feu de tout bois pour arrêter le flot du chômage. D'autant que nos gouvernants n'avaient pas hésité l'an dernier à faire preuve d'un volontarisme quasiment sans limite pour empêcher l'écroulement du système financier. Or pour l'instant, rien ou presque. Il n'y a certes aucun remède miracle, mais on connaît nombre de moyens éprouvés pour limiter les dégâts: réduction du temps de travail, emplois aidés, emplois publics... Mais la mise en oeuvre à grande échelle de ces moyens impliquerait que Nicolas Sarkozy renonce à nombre de ses promesses de campagne. Et pour l'instant, il s'y refuse encore.

Guillaume Duval

http://www.alternatives-economiques.fr/2010--priorite-a-la-lutte-contre-le-chomage_fr_art_898_47072.html?PHPSESSID=ika4v1f6p4jr8apibkvl57urt1

Les banques ont parié contre nous tous, éditorial du New York Times

Comment une banque d’affaire peut-elle s’enrichir facilement ? Voici la recette : créer un produit financier aussi risqué que fragile, mais suffisamment sophistiqué pour qu’il en devienne incompréhensible. Le vendre à des clients en affirmant que la note AAA (achetée auprès des agences de notation) est solide comme un roc. Prendre une assurance contre la faillite des clients et/ou de ces titres. (La magie financière de Wall Street permet d’assurer la valeur d’un bien que l’on ne possède pas). Attendre quelques mois, le temps que la déconfiture des titres entraîne celle des acheteurs crédules. Encaisser les bénéfices. Est-ce le scénario qu’aurait mis en œuvre Goldman Sachs et quelques autres ? C’est la question que se pose un nombre croissant d’observateurs avertis, dont le New York Times.

Editorial du New York Times, 28 décembre 2009

Pendant la bulle financière, Goldman Sachs ainsi que d’autres établissements du secteur ont créé des produits financiers sophistiqués, adossés à des créances hypothécaires, les ont vendus à leurs clients, puis ces firmes ont parié à la baisse sur ces investissements. Ces pratiques, détaillées par Gretchen Morgenson et Louise Story dans un article publié par le Times, ont permis à Wall Street de s’enrichir grassement pendant que ses clients s’enfonçaient. Elles ont aussi amplifié la crise financière, en provoquant une diffusion des pertes quasi généralisée.

Ces opérations font désormais l’objet de plusieurs enquêtes menées par le gouvernement et par le privé. Il pourrait s’avérer que tout ou partie de ces produits et ces pratiques n’étaient pas illégales, en partie parce que les produits dérivés, qui étaient au cœur de ces transactions, ont été largement déréglementés depuis l’an 2000.

Ces faits sont scandaleux à plus d’un titre. Malgré les promesses de mettre un frein aux excès, les lois réformant la finance ne seront pas soumises au Parlement avant plusieurs mois. La Chambre a voté un texte qui imposerait des contrôles sur les produits dérivés, mais on ignore encore s’il mettra fin à cette pratique. Le Sénat n’a pas encore rédigé de projet de loi. Et ni la Maison Blanche ni le Capitole n’ont traité de façon adéquate la grande question de savoir comment enrayer les opérations de négoce à haut risque que les banques réalisent à leur compte, et qui ont créé des conflits d’intérêt avec leurs clients et mis en danger l’économie dans son ensemble.

Pendant ce temps, Wall Street continue de défendre des pratiques qui nous apparaissent comme étant de la spéculation financière de bas étage. Si l’on en croit les explications fournies par les génies de la finance, prendre un pari contre un de ses clients ne serait que l’une des nombreuses techniques permettant de se prémunir prudemment contre des pertes.

L’article du Times souligne que le volume inhabituellement élevé des paris à la baisse pris par Goldman et d’autres ne relevaient pas fondamentalement de positions défensives. Selon les experts du secteur interrogés, ces paris mettaient les intérêts des entreprises « manifestement en contradiction avec les intérêts de leurs clients. » Goldman explique que ses clients savaient que la banque pouvait parier contre eux. Mais est-ce une excuse pour prendre ces positions ? Quels étaient les objectifs de ces pratiques, à part se remplir les poches ?

Les données dont on dispose n’ont pas permis de répondre à une autre question : Goldman, ainsi que d’autres entreprises, ont-elles créé des titres qui étaient voués à l’échec, afin d’augmenter leurs chances que les paris à la baisse pris contre leurs clients seraient un investissement rentable ? Certains de ces titres étaient tellement fragiles qu’ils ont perdu de l’argent quelques mois seulement après avoir été émis.

Pour être exhaustives, les enquêtes sur ces questions et d’autres, devraient remonter jusqu’au ministère du Trésor de l’administration Obama. L’un des émetteurs les plus déterminés de ces investissements discutables était une entreprise nommée Tricadia, dont la société mère a été supervisée par Lewis Sachs, qui est aujourd’hui conseiller principal auprès du Secrétaire au Trésor Timothy Geithner.

Ces pratiques déplaisantes et dangereuses, telles que celles d’entreprises qui parient contre leurs clients, doivent faire l’objet d’investigations approfondies. Elles ne prendront pas fin avant que le Congrès n’adopte d’ambitieuses réformes financières.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2944

“Ser uma imigrante brasileira tem uma conotação sexual forte”

Em sua dissertação de mestrado, a artista plástica Letícia Barreto discute os esteriótipos associados às mulheres brasileiras que vivem no exterior.

Manuella de Almeida Lopes

O Brasil colabora para a construção do imaginário coletivo da mulher brasileira fácil. Muitas pessoas pensam que a liberdade permitida no sambódromo se estende à vida cotidiana As brasileiras imigrantes se proíbem de usar roupas que elas usariam normalmente no Brasil para não serem vistas com nariz torto. Conclusões de uma brasileira imigrante em Lisboa há dois anos que fez da experiência sua dissertação de mestrado em Artes Visuais e Intermédia na Universidade de Évora.

Quando procurou um antigo artesão da zona de Baixa para fabricar carimbos com palavras como “brazuca”, “prostituta” e “ilegal”, a artista plástica Letícia Barreto sabia o quanto seu trabalho causaria surpresa nas pessoas. Assim, preferiu levar um primeiro esboço do projeto com uma palavra mais “neutra”, para mostrar ao senhor qual seria a aplicação prática daquele pedido tão estranho.

A artista reproduziu a foto 5X7 do seu passaporte brasileiro em desenhos feitos com os provocativos carimbos. À primeira vista, os desenhos são iguais uns aos outros, mas, quando aproximamos o olhar, percebemos que cada um é feito de uma palavra carimbada diferente. Há um carimbo para cada estereótipo vivenciado pelas brasileiras no estrangeiro. Apesar de não chamar tanta atenção quanto uma minissaia na Uniban, seu trabalho tem feito muitos portugueses e brasileiros pensarem no assunto.

Brasil de Fato – Início exatamente com a mesma pergunta que você fez às suas entrevistadas para a sua tese de mestrado: o que significa ser brasileira em Portugal?

Letícia Barreto – Primeiramente, acredito que só estando longe do nosso país é que percebemos o que significa o peso da nossa nacionalidade e como os estereótipos ligados à essa nacionalidade determinam a forma como somos tratados. Imigrar implica lidar com conflitos inevitáveis entre culturas diferentes, o que inclui também enfrentar os estereótipos e preconceitos nas percepções mútuas. Ser uma mulher imigrante brasileira tem uma conotação sexual forte. Uma jornalista que eu entrevistei quase foi estuprada por um taxista português. Por ele ter percebido que ela era brasileira, pensou que podia tudo. O modo como somos vistas pelos estrangeiros fizeram-me refletir sobre como o Brasil colabora para essa imagem da mulher brasileira. E colabora muito.

Quando o príncipe Charles visitou o Rio de Janeiro, por exemplo, levaram-no para uma visita “oficial” à uma escola de samba com mulatas semi-nuas sambando à sua volta.

Claro, claro, esse é o nosso cartão postal. Li recentemente um artigo do historiador da Unesp Jean Marcel Carvalho França explicando que a imagem da brasileira sensual foi construída desde a colonização, graças aos relatos dos viajantes que visitaram a Colônia. Navegadores europeus propagavam pela Europa, em suas narrativas de viagem, a imagem da mulher sensual e fácil. Um aspecto interessante sobre esses relatos é constatar que os alvos de censura desses mesmos viajantes, embora fossem consideradas “mulheres brasileiras”, eram na verdade europeias que lá viviam, pois as “brasileiras nativas” não eram as protagonistas dessas “histórias calientes dos trópicos”. Muitos dos relatos dos viajantes apenas reproduziam o que tinham lido anteriormente em outras narrativas. Muitos mal conheciam os lugares que visitavam, nos quais tinham pouquíssimo contato com os habitantes locais. Verdadeiras ou não, o fato é que essas opiniões, divulgadas à exaustão durante séculos, ajudaram a consolidar o senso comum entre os europeus, criando um estereótipo forte que até hoje influencia a forma como as brasileiras são vistas e tratadas no exterior e influenciando até a forma como os próprios homens brasileiros passaram a tratar suas conterrâneas. Nos tempos atuais, alguns exemplos na música, literatura, telenovelas e outras manifestações da cultura brasileira ajudam a reforçar esse estereótipo.

Como é possível as telenovelas contribuírem para reforçar este estereótipo se elas apresentam ao público mulheres com variados comportamentos, pertencentes à diferentes classes econômicas, sociais e culturais?

A novela “Gabriela”, por exemplo, apresentou uma mulher com costumes extremamente livres para uma sociedade que era muito fechada. Fortaleceu este imaginário porque mostrava um modo de ser muito diferente do que era comum aqui [em Portugal]. “Gabriela” fez com que as próprias portuguesas começassem a rever os conceitos em relação ao seu próprio comportamento. E isso me foi dito por portuguesas que conheci aqui em Lisboa.

Até mesmo para a sociedade brasileira, a personagem Gabriela, de Jorge Amado, era avançada para a época em que foi exibida na TV.

Aí é que fica claro como funciona o próprio estereótipo: ele se baseia na generalização. Ninguém se dá ao trabalho de verificar se todos as pessoas também são assim. E o mais maluco de um estereótipo é que nem precisamos ter contato com uma pessoa daquela nacionalidade ou grupo social para criar um conceito a respeito dela, é suficiente ter escutado a respeito para validar o estereótipo.

Então há a imagem que se têm das brasileiras e há as brasileiras enquanto mulheres de carne, osso e sentimento. Quem são de fato as brasileiras que estão em Portugal?

Tem de tudo! Não se pode generalizar! Não existe um perfil. Esse é o ponto e isso é o que pretendo mostrar no meu trabalho: existem pessoas com histórias de vida diversas, com backgrounds diversos, vindas de classes sociais diferentes, com experiências de vida diferentes. Bem distante desse imaginário coletivo, dessa imagem que a mídia criou. Os meios portugueses associam o imigrante brasileiro ao bandido, ao desordeiro.

À prostituição...

Sim, também à prostituição. A comunidade brasileira passou a ser vista de forma mais preconceituosa depois de um assalto a um banco em Lisboa, feito por um brasileiro [que foi morto pela polícia com um tiro na cabeça]. Uma das minhas entrevistadas contou-me que, logo após esse episódio, seu filho foi hostilizado na escola por ser brasileiro.

Mas o seu trabalho de mestrado foi acolhido pelos meios. Você foi entrevistada pelas emissoras de TV portuguesa SIC, RTP e TVI. Não acha que há uma tentativa dos meios de contrabalançar as matérias de pendor negativo com outras mais positivas, sobre integração, multiculturalismo e igualdade de oportunidades?

Sim, há atualmente muitas iniciativas para se debater a aceitação do outro porque é fato que as diferenças existem na nossa sociedade e temos que aprender a conviver com ela. Se não observarmos o outro sem julgamentos, não conseguiremos viver. Todo tipo de guerra e conflito é gerado pela intolerância a tudo o que não conseguimos ou não queremos compreender. O colocar-se no lugar do outro é o grande desafio e requisito necessário a uma comunicação verdadeira. Acredito que a universalidade da arte colabora na dissolução de barreiras e nos ajuda a perceber que, no fundo, somos o reflexo do “Outro”.

Apesar do crescente interesse pelo debate, a maioria das entrevistadas não autoriza que se disponibilize a entrevista no seu site, em podcast.

Medo da exposição, do que as pessoas possam pensar delas. Mas, no geral, as entrevistadas veem de uma forma positiva o projeto, porque muitas pessoas nunca pararam para pensar nas situações que enfrentam, nem refletiram sobre o seu estado de imigrante. E o meu trabalho tem feito os próprios imigrantes a pensarem um pouco a respeito do assunto.

Acha que, para ser respeitada, a brasileira tem que ser mais comportada no estrangeiro do que seria normalmente no Brasil e emprestar mais a cara para este debate?

Acho que a brasileira não precisa deixar de ser quem é para ser respeitada, tem que se fazer respeitar por aquilo que é. Uma coisa engraçada que várias entrevistadas disseram é que se proíbem de usar roupas que elas usariam normalmente no Brasil para não serem vistas aqui com nariz torto. Deixam de usar um decote ou uma saia mais curta, por exemplo.

Enquanto as europeias fazem topless tranquilamente, no Brasil, fazer topless nas praias pode ser considerado um ato obsceno, passível de detenção de três meses a um ano. Inclusive, a estudante Geisy Arruda foi xingada na Uniban por estar usando minissaia na aula. Não acha um contra-senso as brasileiras sofrerem com o preconceito no estrangeiro e com o machismo no Brasil?

Os europeus não acreditam quando eles ficam sabendo que no Brasil não podemos fazer topless. Eles me perguntam: “E o carnaval?”. Eu respondo que o carnaval tem apenas quatro dias de folia e que aquela exposição toda do corpo acontece apenas nos desfiles e são protagonizadas por poucas mulheres.

E só mostra os seios quem desfila no sambódromo.

Conheci europeus que acham que as brasileiras andam de topless nas ruas do Brasil.

Não seria na verdade um preconceito social terceiro-mundista?

Não acho que esteja associado ao terceiro mundo porque não se tem essa mesma imagem das mexicanas, das venezuelanas... Acho que está associada à imagem que exibimos do carnaval, que é muito forte. Há muitas pessoas que pensam que a liberdade permitida no sambódromo se estende à vida cotidiana e, por isso, há esse imaginário coletivo de que no Brasil tudo é liberado o ano inteiro.

Antes de morar em Portugal você morou dois anos na Itália. Por que este trabalho surgiu apenas em Portugal?

Eu cheguei a fazer alguns trabalhos sobre isso na Itália, mas nada consistente. Mas isso de perceber a imagem que se tem das brasileiras surgiu lá, porque na Itália ninguém acreditava que eu era brasileira, por ser branca. Achavam que eu era grega ou do sul da Itália, então, eu tinha que mostrar o meu passaporte a todo momento. A sementinha deste trabalho nasceu dessa necessidade de refletir sobre o que significa ser brasileira e desse imaginário coletivo acerca da nossa nacionalidade.

De que forma os carimbos de seu trabalho artístico traduzem esse estado de ser mulher brasileira no estrangeiro?

A burocracia foi o ponto de partida deste trabalho. Para conseguir o visto, tive que reunir montes de documentos e até enfrentar fila no SUS para fazer teste de hepatite e HIV. Além disso, o fato de eu vir toda legalizada pelo Consulado não facilitou a minha vida aqui: já passei cinco horas na fila da Segurança Social sem conseguir ter minha situação resolvida. Para abrir uma conta no banco, me pediram os documentos mais estapafúrdios. Então, comecei a cansar dessa situação e eu precisava fazer alguma coisa para descarregar toda essa ansiedade, toda essa raiva. Daí, peguei a fotografia do meu passaporte e recriei esse retrato com os carimbos remetendo ao questionamento da burocracia para a legalização e também para a percepção do “outro”, do “estrangeiro” em geral. Mais tarde, percebi que poderia levar essa ideia inicial muito mais longe e passei a focar mais especificamente nas percepções estereotipadas sobre as imigrantes brasileiras. A palavra “estereótipo” originalmente pertence ao vocabulário da editoração gráfica. Trata-se de uma chapa de chumbo fundido que traz em relevo a reprodução de uma página de composição e permite a tiragem de vários exemplares. A prancha estereotipada representa a fôrma que imprime fielmente o padrão da matriz. Por extensão, o estereótipo é uma opinião pronta, uma ideia ou expressão muito utilizada, banalizada, um lugar-comum ou clichê, uma espécie de carimbo que usamos para identificar uma pessoa ou um grupo social. Por isso, o carimbo acabou sendo uma metáfora perfeita para falar do estereótipo.

http://www.brasildefato.com.br/v01/agencia/entrevistas/201cser-uma-imigrante-brasileira-tem-uma-conotacao-sexual-forte201d/view

Rio 2016: jogos ou negócios olímpicos?

Marcelo Salles

Em outubro, o Rio de Janeiro esteve no centro das atenções mundiais. No dia 2, em Copenhague, Dinamarca, o Comitê Olímpico Internacional (COI) escolheu a cidade para sediar os Jogos de 2016. Mais de 100 anos depois do início dos Jogos modernos, finalmente um país latino-americano conseguiu a façanha.

E pra chegar lá não foram medidos esforços. Prefeitura, governo do estado e governo federal trabalharam (e investiram) juntos. O material apresentado pela candidatura do Rio foi de primeira qualidade: o projeto, no papel, contempla e suplanta todas as exigências do COI; o poder público garante o orçamento e qualquer necessidade extra; vídeos cinematográficos mostram o melhor da cidade e por aí vai.

Em um desses vídeos, a personagem-narradora, uma jovem negra, fala, em inglês, com tradução para o português, sobre união, vida e paixão, “elementos que vão se encontrar” no Rio em 2016. Um complemento do discurso do presidente Lula, que pouco antes da exibição do vídeo havia dito aos delegados do COI: “a mais linda e maravilhosa cidade está de portas abertas para a maior festa da humanidade”. Emociona qualquer um.

Todo esse otimismo é compreensível, mesmo porque a realização de um evento deste porte abre inúmeras oportunidades para a cidade do Rio de Janeiro, em particular, e para o Brasil em geral. No entanto, por trás da emoção podemos encontrar indícios de que os Jogos Olímpicos estão muito mais para Negócios Olímpicos.

“Temos visto que o esporte vem sendo usado como produtor de consenso e venda de uma cidade”, diz Alessandro Biazzi, do Comitê Social que acompanhou os Jogos Pan-Americanos e que está acompanhando o processo das Olimpíadas. O pesquisador enxerga uma proposta bastante elitizada, com a maior parte dos investimentos na Barra da Tijuca: “o prefeito Eduardo Paes já disse que o modelo da Vila Pan-Americana vai ser mantido”, ou seja, a Vila Olímpica será construída com padrão de classe média alta para que depois dos Jogos os apartamentos sejam vendidos com alto retorno financeiro. “Um absurdo se considerarmos o déficit habitacional do Rio”, diz Alessandro, para quem a oportunidade poderia ajudar a contornar o problema, se após os Jogos a Vila tivesse destinação popular.

A concentração dos investimentos na Barra derruba outra oportunidade histórica para a cidade, que viria com a instalação do Parque Olímpico na Zona Portuária. Além de revitalizar a região, hoje bastante degradada, a obra abriria espaço para a integração viária do Centro com a Zona Norte e a Baixada Fluminense, desafogando as atuais vias de acesso. O prefeito do Rio afirma que isto é inviável devido ao compromisso assumido com o COI, mas Alessandro suspeita que há outros interesses em jogo: além da concentração da grana na Barra, região com a maior parte dos “lançamentos imobiliários”, o empresário Eike Batista estaria tentando preservar a Zona Portuária com outros propósitos.

O projeto “Porto Maravilha”, como vem sendo chamado no Rio, será uma das maiores intervenções de todos os tempos na cidade. Numa área que abrange meia dúzia de bairros, cerca de 40 mil pessoas estão ameaçadas de despejo violento. O gabarito da região passará de 4 para 50 andares. O que se diz é que será construído um enclave, uma cidade dentro da cidade, onde os cidadãos comuns serão impedidos de transitar. Terão lugar apenas as grandes corporações como Microsoft, que já teria comprado um edifício por algo em torno de R$ 50 milhões. Em tempo: Eike doou R$ 23 milhões para a campanha Rio 2016.

Em 2007, a Organização Desportiva Panamericana orçou o evento em R$ 409 milhões, mas foram gastos R$ 5 bilhões. Houve alerta do Tribunal de Contas da União, que posteriormente encontrou irregularidades nos gastos. “Se você pegar em toda a história de todos os grandes eventos do mundo, não encontra uma diferença tão grande. A diferença máxima é 15%”, diz Eliomar Coelho, vereador do PSOL que entrou com pedido de CPI na Câmara dos Vereadores. Ganhou, mas não levou. “A CPI foi aprovada, mas não conseguimos instalar. Dos cinco membros, dois eram ligados a Cesar Maia (DEM) e outro a Eduardo Paes, que na época era secretário de Esportes e Turismo do governo estadual. Eles sempre davam um jeito de embananar tudo”.

No caso dos Jogos Olímpicos, o orçamento oficial da candidatura Rio 2016 prevê gastos totais de R$ 28.865.657,00, como consta do sumário executivo publicado na página oficial da campanha: www.rio2016.org.br.

Outra crítica de Alessandro e Eliomar diz respeito ao legado do Pan. A adaptação dos imóveis públicos para favorecer o acesso de deficientes físicos não ocorreu. As instalações construídas estão abandonadas, sub-utilizadas ou privatizadas, como, por exemplo, o Velódromo, o Parque Aquático Maria Lenk e a Arena Multiuso, hoje administrada pelo HSBC.

Ao ler o projeto vitorioso Rio 2016 – calhamaço com duas centenas de páginas – é possível notar a intenção de se aprofundar a privatização da cidade. Das oito instalações sob o controle do poder público municipal, apenas uma não está/será concedida à iniciativa privada. As três estaduais serão terceirizadas. As onze construídas com recursos federais terão uso misto ou serão licitadas para empresas privadas. A iniciativa privada não vai investir em nenhuma instalação esportiva nova.

Violência contra o povo trabalhador

Outro aspecto envolvido no processo dos Jogos Olímpicos de 2016 são as ameaças de despejo violento contra moradores de favelas do Rio, sobretudo as que ficam na Zona Oeste, região que nas últimas duas décadas vem passando por um acelerado processo de especulação imobiliária. “Com o anúncio das Olimpíadas, a comunidade voltou a ficar preocupada”, afirma a defensora pública Maria Lúcia Pontes, em relação à Vila Autódromo. O Núcleo de Terras da Defensoria já acompanha o caso desta favela desde a década de 1990, quando tiveram início as tentativas de despejo. No processo movido pela Prefeitura em 1993, quando Eduardo Paes era sub-prefeito da Barra, a acusação é de que a Vila causava “dano estético” à paisagem.

“Na verdade, o grande problema da Prefeitura é com a pobreza, é isso que incomoda”, rebate Maria Lúcia. Com cerca de duas mil famílias, a Vila Autódromo nasce a partir de uma colônia de pescadores e vem resistindo com o amparo dos títulos de concessão por 99 anos, concedidos pelo governo estadual entre as décadas de 1980 e 1990. Há dois anos, em função dos Jogos Pan-Americanos, a tentativa de despejo foi rechaçada pelos moradores com paus e pedras.

Os moradores do Canal do Anil, outra favela da região, também estão de orelha em pé. Vizinha da Vila Pan-Americana, a comunidade vem sendo ameaçada há pelo menos dois anos. “Com o Pan, 500 casas foram marcadas para remoção, sem nenhum aviso prévio”, lembra Maria Lúcia Pontes. A destruição das residências chegou a começar, mas foi embargada por uma decisão judicial que acatou ação cautelar da Defensoria. Na época foram realizadas vigílias e os moradores tiveram apoio de movimentos sociais organizados, como o do MST, da Pastoral de Favelas, de organizações de direitos humanos, de setores do Ministério Público e de parlamentares como Brizola Neto, Edson Santos, Eliomar Coelho e Marcelo Freixo.

O Núcleo de Terras da Defensoria Pública acredita que até as Olimpíadas haverá muita pressão para que essas duas favelas sejam riscadas do mapa. Uma pressão muito maior do que aconteceu por ocasião dos Jogos Pan-Americanos. O próprio projeto apresentado pela candidatura Rio 2016 já mostra o Parque Olímpico construído no espaço onde hoje está a Vila Autódromo. Mas, se depender da defensora pública Maria Lúcia Pontes, a história vai ser diferente: “Alguns órgãos já dão a remoção como certa. Eu não trabalho com essa idéia. Trabalho com a resistência das comunidades”.

Os próximos sete anos vão dizer quem sairá vitorioso nas Olimpíadas Rio 2016: os Jogos ou os Negócios.

http://www.fazendomedia.com/?p=1545

Como es que los datos del PNB son cada vez erróneos

Marc Garrigasait

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Datos del PNB americano previsionales y definitivos. también del consumo y de inversión a oct-09 (Visto en serenitymarkets.com, fuente: businessinsider).

Llevo ya observando algo que yo no recuerdo haber visto nunca. Como sabéis los datos estadísticos del crecimiento económico en los países mas avanzados, funciona publicándose inicialmente una estimación del crecimiento del PNB (Producto nacional Bruto) del trimestre, que posteriormente y en pocos meses se publica el dato definitivo y oficial. En estados Unidos incluso se publican dos datos preliminares hasta el tercero ya definitivo.

Lo que estamos viendo es como el primer dato de crecimiento económico es sorpresivamente mucho mas alto de lo previsto lo que llena de portadas y paginas optimistas. Cuando se conoce el dato verdadero unos meses mas tarde, cuando ya se capta menos la atención pública, este es considerablemente inferior al dato preliminar inicial. Y esto parece un fenómeno global que ocurre en muchos países. El mas increíble fue el crecimiento japonés del tercer trimestre de 2009. De anunciar inicialmente un crecimiento altísimo, del 4,8% mas exactamente, prácticamente un récord en decenios, se acabo en un dato final de poco mas del 1,3% ¡¡¡¡¡¡¡¡

Pues bien los Estados Unidos han publicado el tercer dato del tercer trimestre del 2009, y del crecimiento inicial del 3,5%, se pasó al 2,8% y al dar el dato final se ha quedado en solo un 2,2% anualizado, es decir casi la mitad del anunciado (ver cuadro de mas arriba). Pero recuerdo ocurrió algo similar en otros datos de este año.

Como la estrategia parece coordinada globalmente, quizás fue uno de los puntos que se hablo en la cumbre del G-10 o G-20. Espero que el resto de puntos que trataron para solucionar la reciente crisis mundial fueron un poco mas efectivos.

Por último os adjunto un interesante cuadro con los porcentajes de las noticias mas repetidas en los medios de comunicación en los Estados Unidos.

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Todas las noticias agrupadas por orden de importancia según aparición en los medios de comunicación USA.

http://investorsconundrum.com/2009/12/30/como-es-que-los-datos-del-pnb-son-cada-vez-erroneos/

La lenta recuperación económica

VIÇENS NAVARRO

Un comentario habitual en la prensa diaria y en la prensa económica es que la recuperación económica ocurrirá mucho antes que la disminución del desempleo. Se acentúa en tales medios que el crecimiento del PIB dejará de ser negativo y comenzará a crecer lentamente este año o el próximo, pero se matiza inmediatamente que tal crecimiento no se traducirá automáticamente en un descenso del desempleo. En realidad, en EEUU, la economía ha comenzado a crecer y en cambio el desempleo en lugar de disminuir ha ido aumentando. ¿Cómo es esto posible?

Domnio Público 31/12/2009Para responder a esta pregunta tenemos que entender que esta situación (en la que la recuperación económica no va acompañada de un descenso del desempleo) no es nueva, sino que ha estado ocurriendo en cada ciclo económico existente en los últimos 30 años. Durante este periodo ha habido tres ciclos económicos, es decir, situaciones en las que el crecimiento económico ha disminuido de una manera acentuada para luego recuperarse y crecer de nuevo. Pero cada vez el crecimiento es menor. Así, en EEUU, que ha sido uno de los mayores motores de la economía mundial, el crecimiento económico en cada periodo de recuperación económica ha sido menor que en el ciclo anterior. Mientras que el crecimiento económico anual fue de un 5% del PIB (como promedio anual en las recuperaciones económicas) durante el periodo 1950-1975, este fue sólo de un 2,5% en la última recuperación durante el periodo 2001-2007. Lo mismo ocurrió con la tasa de creación de empleo, que fue de un 2,5% por año durante la época 1950-1975 y sólo de un 0,9% en el periodo 2001-2007.

Lo que es también importante señalar es que mientras los salarios aumentaron un 3,8% cada año durante el periodo 1950-1975, aumentaron sólo un 1,8% durante el periodo 2001-2007. Y, a la inversa, los beneficios empresariales, que habían subido un 7,4% al año durante el periodo 1950-1975, se incrementaron sustancialmente, alcanzando un 10,8% durante el periodo 2001-2007. Es en estos últimos datos donde está el meollo de la cuestión. El crecimiento de la productividad, y de la riqueza que ello conlleva, no se ha estado distribuyendo equitativamente durante estos últimos 30 años, como consecuencia de la aplicación de las políticas liberales. Esta riqueza se ha concentrado más y más en las esferas del capital (es decir, del mundo empresarial) a costa del mundo del trabajo (ver Las silenciadas causas de la crisis, en Público, 19/03/09). Ello ha determinado, por un lado, un descenso muy marcado de las rentas del trabajo con el consiguiente descenso de la capacidad adquisitiva de la población y disminución de la demanda, lo cual explica la ralentización del crecimiento económico, que ha forzado en esta crisis un aumento provisional del gasto público para cubrir este déficit de demanda y así poder estimular el crecimiento económico.

Por otra parte, la ralentización de la demanda ha contribuido a la baja producción de empleo y al decrecimiento de la economía llamada productiva (es decir la economía donde se producen y distribuyen bienes de consumo), siendo esta sustituida por la economía especulativa basada en el capital financiero (es decir, en los bancos). Es la crisis financiera, basada en la especulación, la que ha consumido mayor atención de los medios y de la vida política. De ahí que se hayan hecho propuestas para dificultar los comportamientos especulativos del capital financiero y para forzar a la banca para que ejerza su función proveedora de crédito. Pero aún cuando se están tomando medidas en este sentido (y las aprobadas hasta ahora son muy moderadas e insuficientes), la crisis continuará, con una recuperación económica muy débil y con unas tasas de creación de empleo muy bajas, tal como confirma lo que está ocurriendo en EEUU y en la UE. En realidad, la recuperación en la UE es incluso menor que en EEUU como consecuencia de que el estímulo económico público ha sido menor en la UE (2,5% del PIB como promedio) que en EEUU (5,6%). Pero lo que no se está resolviendo es la enorme escasez de demanda y gran endeudamiento, consecuencia de la enorme polarización de las rentas (tanto en EEUU como en Europa) y causa de la pérdida adquisitiva de las clases populares.

En EEUU, la crisis actual dura ya 17 meses, siete más que el promedio de las recesiones anteriores desde la II Guerra Mundial, con una destrucción de empleo (-4,1%) mucho mayor que en las recesiones anteriores (-2,1%). De ahí la gran importancia, no sólo del estímulo económico público, sino también de la creación de la demanda a base de aumentar la capacidad adquisitiva de la población, a costa de reducir la exuberante concentración de las rentas y de la riqueza en las rentas superiores, a partir de políticas públicas redistributivas que no se están haciendo. Sin que ello ocurra, la recuperación continuará muy floja y limitada.

Estamos viendo una situación semejante en España, donde la masa salarial como porcentaje del PIB ha ido disminuyendo desde 1993. El salario medio también ha ido descendiendo tal como confirma la Encuesta de Estructura Salarial (bajó de 19.802 euros en 2002 a 19.680 en 2006). Mientras tanto, las rentas del capital aumentaron muy significativamente. La defensa de las políticas que favorecían las rentas del capital se basaba en el argumento de que facilitarían el crecimiento económico. El argumento que “antes que redistribuir hay que crecer” se convirtió en el eslogan liberal, ampliamente utilizado en las culturas mediáticas y políticas del país. Pero tal tipo de crecimiento (basada en el favoritismo a las rentas del capital) creaba menos crecimiento económico y menos producción de empleo que el que se hubiera dado si tal crecimiento hubiera estado basado en una mayor redistribución de la riqueza. Lo que se necesita ahora es “redistribuir para poder crecer y crear empleo”.

http://blogs.publico.es/dominiopublico/1748/la-lenta-recuperacion-economica/

Conferencia en Bilbao sobre Socialismo del siglo XXI

Atilio A. Boron

Aquí podrán ver en video la conferencia que brindé en Bilbao en noviembre pasado sobre socialismo del siglo XXI.


http://www.atilioboron.com/2009/12/conferencia-en-bilbao-sobre-socialismo.html

Intervista a Zygmunt Bauman sul vivere post-moderno


A Importância das Ciências Sociais

Entrevista com o sociólogo e economista Atílio Borón sobre a importância das Ciências Sociais.

O que aumenta em 2010

Juiz federal americano iliba 14 mercenários responsáveis de massacres no Iraque

La Unión Europea y las Empresas Transnacionales

La documentación sobre las violaciones sistemáticas de los derechos humanos de las empresas transnacionales europeas en América Latina y el Caribe se presenta ante los responsables políticos del Parlamento Europeo en la audiencia organizada en Bruselas el 18 de noviembre de 2009. - Descargar el informe (178 KB)

http://www.tni.org/es/report/la-union-europea-y-las-empresas-transnacionales

Regards croisés sur l'anthropologie de pierre Bourdieu

Actes de la recherche en sciences sociales - no 150 –2003/5

Pierre Bourdieu et l'anthropologie


Pierre Bourdieu
et Mouloud Mammeri

Du bon usage de l'ethnologie


Alban Bensa

L'exclu de la famille La parenté selon Pierre Bourdieu


Paul A. Silverstein

De l'enracinement et du déracinement

Habitus, domesticité et nostalgie structurelle kabyles

Pierre Bourdieu

L'objectivation participante


Jacques Bouveresse

La connaissance de soi et la science


Robert Boyer

L'anthropologie économique de Pierre Bourdieu


Pierre Bourdieu

La fabrique de l'habitus économique


Pierre Bourdieu un Hommage
http://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2003-5.htm

Musical Tribute to Scientists - Cambridge, 2010 Honoring Noam Chomsky

Noam Chomsky Tribute Concert - Music by Edward Manukyan

Les conditions sociales de la circulation internationale des idées

Pierre Bourdieu

[Conférence prononcée le 30 octobre 1989 pour l’inauguration du Frankreich-Zentrum de l’université de Fribourg. Ce texte a été publié en 1990 dans les Cahiers d’histoire des littératures romanes (14e année, 1-2, p.1-10); dans Actes de la recherche en sciences sociales (2002/5, 145, p. 3-8) ; sur le site du projet Espace des Sciences Sociales Européen (ESSE); dans Forschen und Handeln/Recherche et action (Rombach-Verlag, 2004, p.21-33) et dans L'espace intellectuel en Europe (La Découverte, 2009, p.27-39)]

Je souhaite aujourd'hui vous proposer quelques réflexions qui voudraient échapper au rituel de la célébration de l'amitié franco-allemande et des considérations obligées sur l'identité et l'altérité. Je pense qu'en matière d'amitié comme en toute matière la lucidité n'est pas du tout antinomique avec l'affection, tout au contraire. Je voudrais donc essayer de proposer quelques réflexions sur les conditions sociales de la circulation internationale des idées ; ou, pour employer un vocabulaire économique qui produit toujours un effet de rupture, sur ce qu'on pourrait appeler l'import-export intellectuel. Je voudrais essayer de décrire sinon les lois – parce que je n'ai pas suffisamment travaillé pour pouvoir utiliser un langage aussi prétentieux – du moins les tendances de ces échanges internationaux que nous décrivons d'ordinaire dans un langage qui doit plus à la mystique qu'à la raison. Bref, je vais essayer aujourd'hui de présenter un programme pour une science des relations internationales en matière de culture.

Dans un premier temps, j'aurais pu évoquer l'histoire des relations entre la France et l'Allemagne depuis la Deuxième Guerre Mondiale, et plus précisément tout le travail qui, au niveau du champ politique notamment, a pu être fait pour favoriser la communication et la compréhension entre les deux pays. Il y aurait à mener une analyse historique sans complaisance du travail symbolique qui a été nécessaire pour exorciser, au moins dans une certaine fraction des populations des deux pays, tous les fantasmes du passé. Il faudrait analyser, outre le travail officiel des instances officielles dans sa dimension symbolique et pratique, les actions diverses qui ont pu favoriser la transformation des attitudes des Français et des Allemands, considérés dans leur diversité sociale. On pourrait par exemple en se situant au niveau du champ intellectuel, décrire les étapes de ce travail de conversion collective ; avec, dans le cas des intellectuels français, la réconciliation, puis la fascination à l'égard du miracle allemand et la phase actuelle qui serait celle de l'admiration ambivalente, sublimée dans une sorte d'européanisme volontariste à travers lequel beaucoup d'ouvriers de la onzième heure essayent de trouver un substitut à leur nationalisme défunt. Mais vous comprendrez que je ne puisse me satisfaire de pareilles considérations, aussi superficielles que sommaires.

Que peut-on faire aujourd'hui, si l'on a un souci réel de favoriser l'internationalisation de la vie intellectuelle ? On croit souvent que la vie intellectuelle est spontanément internationale. Rien n'est plus faux. La vie intellectuelle est le lieu, comme tous les autres espaces sociaux, de nationalismes et d'impérialismes et les intellectuels véhiculent, presque autant que les autres, des préjugés, des stéréotypes, des idées reçues, des représentations très sommaires, très élémentaires, qui se nourrissent des accidents de la vie quotidienne, des incompréhensions, des malentendus, des blessures (celles par exemple que peut infliger au narcissisme le fait d'être inconnu dans un pays étranger). Tout cela me fait penser que l'instauration d'un véritable internationalisme scientifique qui, à mes yeux, est le début d'un internationalisme tout court, ne peut pas se faire toute seule. En matière de culture comme ailleurs, je ne crois pas au laisser-faire et l'intention de mon propos est de montrer comment, dans les échanges internationaux, la logique du laisser-faire conduit souvent à faire circuler le pire et à empêcher le meilleur de circuler. Je m'inspire, en ces matières comme ailleurs, d'une conviction scientiste qui n'est pas de mode aujourd'hui, parce qu'on est post-moderne... Cette conviction scientiste me porte à penser que si l'on connaît les mécanismes sociaux, on n'en est pas maître pour autant, mais on augmente, tant soit peu, les chances de les maîtriser, surtout si les mécanismes sociaux reposent sur la méconnaissance. Il y a une force autonome de la connaissance qui peut détruire, dans une certaine mesure, la méconnaissance. Je dis bien, dans une certaine mesure, parce que la « force intrinsèque des idées vraies » se heurte à des résistances dues aux intérêts, aux préjugés, aux passions. Cette conviction scientiste m'incline à penser qu'il est important de faire un programme de recherche scientifique européen sur les relations scientifiques européennes. Et je pense que c'était le lieu et le moment de dire cela puisque je sais, à travers Joseph Jurt et les textes qu'il m'a donné à lire, qu'un des objectifs du Centre qui est aujourd'hui inauguré est précisément de travailler à une connaissance mutuelle des deux pays, des deux traditions. Et je voudrais apporter ma contribution, en disant, très modestement, comment je verrais l'entreprise, et ce que je ferais si j'avais à la mener.

Les échanges internationaux sont soumis à un certain nombre de facteurs structuraux qui sont générateurs de malentendus. Premier facteur : le fait que les textes circulent sans leur contexte. C'est une proposition que Marx énonce en passant dans Le Manifeste Communiste, où il n'est pas de règle d'aller chercher une théorie de la réception... Marx fait remarquer que les penseurs allemands ont toujours très mal compris les penseurs français, parce qu'ils recevaient des textes qui étaient porteurs d'une conjoncture politique comme des textes purs et qu'ils transformaient l'agent politique qui était au principe de ces textes en sujet transcendantal. Ainsi, beaucoup de malentendus dans la communication internationale viennent du fait que les textes n'emportent pas leur contexte avec eux. Par exemple, au risque de vous surprendre et de vous choquer, je pense que seule la logique du malentendu structural permet de comprendre ce fait stupéfiant qu'un Président de la République socialiste ait pu venir remettre une décoration française à Ernst Jünger. Autre exemple : Heidegger consacré par certains marxistes français dans les années cinquante. Je pourrais aussi prendre des exemples contemporains, mais comme, bien souvent, je suis impliqué dans ces exemples, je ne le ferai pas, parce que vous pourriez penser que j'abuse du pouvoir symbolique qui m'est provisoirement imparti pour régler des comptes avec des adversaires absents.

Le fait que les textes circulent sans leur contexte, qu'ils n'emportent pas avec eux le champ de production, – pour employer mon jargon – dont ils sont le produit et que les récepteurs, étant eux-mêmes insérés dans un champ de production différent, les réinterprètent en fonction de la structure du champ de réception, est générateur de formidables malentendus. Evidemment, de ma description, que je crois objective, on peut tirer des conclusions optimistes ou pessimistes : par exemple du fait que quelqu'un qui est une autorité dans son pays n'emporte pas son autorité avec lui, la lecture étrangère peut parfois avoir une liberté que n'a pas la lecture nationale, soumise à des effets d'imposition symbolique, de domination ou même de contrainte. C'est ce qui fait penser que le jugement de l'étranger est un peu comme le jugement de la postérité. Si, en général, la postérité juge mieux, c'est que les contemporains sont des concurrents et qu'ils ont des intérêts cachés à ne pas comprendre et même à empêcher de comprendre. Les étrangers, comme la postérité, ont, dans certains cas, une distance, une autonomie à l'égard des contraintes sociales du champ. En réalité, cet effet est beaucoup plus apparent que réel et, très souvent, les autorités d'institution, ce que Pascal appelle les « grandeurs d'établissement », passent assez bien les frontières, parce qu'il y a une internationale des mandarins qui fonctionne très bien.

Ainsi, le sens et la fonction d'une oeuvre étrangère sont déterminés au moins autant par le champ d'accueil que par le champ d'origine. Premièrement, parce que le sens et la fonction dans le champ originaire sont souvent complètement ignorés. Et aussi parce que le transfert d'un champ national à un autre se fait au travers une série d'opérations sociales : une opération de sélection (qu'est-ce qu'on traduit ? Qu'est-ce qu'on publie ? Qui traduit ? Qui publie ?) ; une opération de marquage (d'un produit préalablement « dégriffé ») à travers la maison d'édition, la collection, le traducteur et le préfacier (qui présente l’œuvre en se l'appropriant et en l'annexant à sa propre vision et, en tout cas, à une problématique inscrite dans le champ d'accueil et qui ne fait que très rarement le travail de reconstruction du champ d'origine, d'abord parce que c'est beaucoup trop difficile) ; une opération de lecture enfin, les lecteurs appliquant à l’œuvre des catégories de perception et des problématiques qui sont le produit d'un champ de production différent.

Je vais reprendre chacun de ces points rapidement. L'entrée dans le champ d'accueil est un objet de recherche tout à fait capital et tout à fait urgent, à la fois pour des raisons scientifiques et pratiques, c'est-à-dire pour intensifier et améliorer la communication entre les nations européennes. J'espère pouvoir organiser un colloque, qui aurait pour fin d'analyser les processus de sélection : qui sont les sélectionneurs, ceux qu'une sociologue de la science américaine appelle les « gate-keepers » ? Qui sont les découvreurs et quels intérêts ont-ils à découvrir ? Je sais bien que le mot intérêt choque. Mais je pense que celui qui s'approprie, en toute bonne foi, un auteur et qui s'en fait l'introducteur a des profits subjectifs tout à fait sublimés et sublimes, mais qui sont néanmoins déterminants pour comprendre qu'il fasse ce qu'il fait. (Je pense qu'un petit peu de matérialisme ne ferait pas de mal, n'enlèverait rien, au contraire, à l'enchantement). Ce que j'appelle « intérêt », ce peut être l'effet des affinités liées à l'identité (ou l'homologie) des positions dans des champs différents : ce n'est pas par hasard que Benet, le grand romancier espagnol, paraît aux Éditions de Minuit. Faire publier ce que j'aime, c'est renforcer ma position dans le champ – cela que je le veuille ou non, que je le sache ou non, et même si cet effet n'entre en rien dans le projet de mon action. Il n'y a pas de mal à ça, mais il faut le savoir. Les élections mutuelles et pures se font souvent sur la base d'homologies de position dans des champs différents auxquels correspondent des homologies d'intérêts, et des homologies de styles, de partis intellectuels, de projets intellectuels. On peut comprendre ces échanges comme des alliances, donc dans la logique des rapports de force, comme, par exemple, des manières de donner de la force à une position dominée, menacée.

À côté des affinités électives entre « créateurs », pour lesquelles, vous le sentez bien, j'ai une certaine indulgence, il y a les clubs d'admiration mutuelle, qui me paraissent moins légitimes parce qu'ils exercent un pouvoir de type temporel dans l’ordre culturel ou, si l’on veut, spirituel – ce qui est la définition même de la tyrannie selon Pascal. Je pense par exemple à l'Internationale de l'establishment, c'est-à-dire à tous les échanges qui s'instaurent entre détenteurs de positions académiques importantes : une bonne part des traductions ne peuvent être comprises que si on les resitue dans le réseau complexe d'échanges internationaux entre détenteurs de positions académiques dominantes, échanges d'invitations, de titres de docteur honoris causa, etc. Il faut donc se demander quelle est la logique des choix qui font que tel éditeur ou tel auteur se désigne pour devenir l'importateur de telle ou telle pensée. Pourquoi est-ce un tel qui a publié un tel ? Il y a évidemment les profits d'appropriation. Les importations hérétiques sont souvent le fait de marginaux dans le champ, qui importent un message, une position qui a de la force dans un autre champ, avec pour effet de renforcer leur position de dominés dans le champ. Les auteurs étrangers sont souvent l'objet d'usages très instrumentalistes ; ils sont souvent utilisés pour des causes que peut-être ils réprouveraient ou récuseraient dans leur propre pays. On pourra par exemple se servir d'un étranger pour abaisser des nationaux. Je prends l'exemple de Heidegger. Tout le monde ici se demande comment les Français ont pu s'intéresser tellement à Heidegger. En fait, il y a beaucoup, beaucoup de raisons, presque trop... Mais il y a une explication qui saute aux yeux, c'est le fait que, comme l'a montré Anna Boschetti dans son livre sur Sartre et Les Temps modernes, le champ intellectuel des années cinquante était dominé de façon écrasante par Sartre. Et une des fonctions majeures de Heidegger, c'était de servir à disqualifier Sartre (les professeurs disaient : « Tout Sartre est dans Heidegger et en mieux »). Vous aurez ainsi, d’un côté, Beaufret, qui a dû être un contemporain de Sartre à l'École Normale, dans une position de rivalité avec lui et qui, professeur dans une khâgne à Henri IV, s'est fait une stature de quasi-philosophe en important Heidegger en France. Et de l'autre, du côté du champ littéraire, Blanchot. Vous avez une troisième catégorie : les gens d'Arguments, espèce d'hérésie marxiste mineure. Comme le marxisme renvoyait trop visiblement du côté du vulgaire, ils ont réalisé une combinaison chic du marxisme et de Heidegger.

Très souvent, avec les auteurs étrangers, ce n'est pas ce qu'ils disent qui compte, mais ce qu'on peut leur faire dire. C'est pourquoi certains auteurs particulièrement élastiques circulent très bien. Les grandes prophéties sont polysémiques. C'est une de leurs vertus et c'est pour cela qu'elles traversent les lieux, les moments, les âges, les générations, etc. Donc, les penseurs à grande élasticité sont pain béni, si je peux dire, pour une interprétation annexioniste et pour les usages stratégiques.

Après la sélection, il y a le marquage qui, en quelque sorte, achève le travail. On ne vous donne pas seulement Simmel ; on vous donne Simmel avec la préface de X. Il faudrait faire une sociologie comparée des préfaces : ce sont des actes typiques de transfert de capital symbolique, au moins dans le cas le plus fréquent, par exemple Mauriac écrivant une préface à un livre de Sollers : l'aîné célèbre écrit une préface et transmet du capital symbolique, et en même temps, il manifeste sa capacité de découvreur et sa générosité de protecteur de la jeunesse qu'il reconnaît et qui se reconnaît en lui. Il y a tout un tas d'échanges, où la mauvaise foi joue un rôle énorme, et que la sociologie un peu objectivante rend plus difficile. Mais le sens dans lequel circule le capital symbolique n'est pas toujours le même. C'est ainsi que, en s'appuyant sur la règle du genre qui veut que le préfacier s'identifie à l'auteur, Lévi-Strauss écrit une préface à l’œuvre de Mauss par laquelle il s'approprie le capital symbolique de l'auteur de l'Essai sur le don. Je vous laisse réfléchir sur tout ça. (Les gens ont souvent une lecture dramatique de ce genre d'analyses : je voudrais donc profiter des situations orales pour montrer qu'en fait c'est très amusant, et qu'en tout cas je m'amuse beaucoup...).

Au terme de tout cela, le texte importé reçoit une nouvelle marque. Il était marqué par la couverture : vous avez une intuition des couvertures des différents éditeurs et même des différentes collections de chaque éditeur et vous savez ce que chacune d'elles signifie par référence à l'espace des éditeurs allemands que vous avez dans la tête. Si, par exemple, vous remplacez la couverture Suhrkamp par la couverture Seuil, le sens de la marque imposée à l’œuvre change complètement. S'il y a homologie structurale, le transfert peut se faire assez bien, mais il y a souvent des ratés ; il y a des gens qui tombent « à côté de la plaque ». Soit par l'effet du hasard ou de l'ignorance, mais souvent aussi parce qu'ils sont l'objet d'actes d'annexion, d'appropriation. Dans ce cas, le simple effet de la couverture est déjà une imposition symbolique. Je prends un exemple très beau, celui de Chomsky qui a été publié au Seuil dans une collection de philosophie. Pour moi, Seuil, c'est « catho de gauche » et, en gros, personnaliste. Chomsky s'est trouvé aussitôt marqué, à travers une stratégie d'annexion typique. Publier Chomsky au Seuil, dans un environnement marqué par Ricoeur, c'était opposer au structuralisme « sans sujet », comme on disait à l'époque, un sujet générateur, créateur, etc. Ainsi, avec l'insertion dans une collection, l'adjonction d'une préface, du fait du contenu de la préface, mais aussi du fait de la position du préfacier dans l'espace, c'est toute une série de transformations, voire de déformations du message originaire qui se trouvent opérées.

En réalité, les effets structuraux qui, à la faveur de l'ignorance, rendent possibles toutes les transformations et les déformations liées à des usages stratégiques des textes et des auteurs, peuvent s'exercer en dehors de toute intervention manipulatrice. Les différences sont si grandes entre les traditions historiques, tant dans le champ intellectuel proprement dit que dans le champ social pris dans son ensemble, que l'application à un produit culturel étranger des catégories de perception et d'appréciation acquises à travers l'expérience d'un champ national peut créer des oppositions fictives entre des choses semblables et de fausses ressemblances entre des choses différentes. Pour le montrer, il faudrait analyser en détail l'exemple de ce qu'ont été les rapports entre les philosophes français et les philosophes allemands depuis les années soixante et montrer comment des intentions tout à fait semblables se sont exprimées, par référence à des contextes intellectuels et sociaux très différents, dans des prises de position philosophiques en apparence tout à fait opposées. Et, pour dire les choses de manière plus frappante, mais aussi plus évidemment farfelue, il faudrait se demander si Habermas n'aurait pas été beaucoup moins éloigné de ce qu'a dit Foucault qu'il ne l'est en apparence s'il s'était formé et affirmé comme philosophe dans la France des années cinquante-soixante et Foucault beaucoup moins différent de ce qu'a été Habermas s'il s'était formé et affirmé comme philosophe dans l'Allemagne des mêmes années. (C'est dire, entre parenthèses, que l'un et l'autre penseur, sous les apparences de la liberté à l'égard du contexte, ont en commun d'avoir été très profondément marqués par ce contexte, entre autres raisons parce que, dans leur intention hégémonique, ils se sont affrontés aux traditions intellectuelles propres à chacun des pays, et profondément différentes). Par exemple, avant de s'indigner vertueusement, avec certains Allemands, de l'usage que certains philosophes français (Deleuze et Foucault notamment) ont fait de Nietzsche, il faudrait comprendre la fonction que Nietzsche – et quel Nietzsche ? celui de la Généalogie de la morale chez Foucault – a pu remplir, dans un champ philosophique dominé, du côté de l'université, par un existentialisme subjectiviste-spiritualiste. La Généalogie de la morale donnait une caution philosophique, propre à les rendre philosophiquement acceptables, à ces vieilles démarches scientistes, voire positivistes, incarnées par l'image vieillotte de Durkheim, que sont la sociologie de la connaissance et l'histoire sociale des idées. C'est ainsi que, dans son effort pour opposer à un rationalisme anhistorique une science historique des raisons historiques (avec l'idée de « généalogie » et une notion comme celle d'épistémè), Foucault a pu contribuer à ce qui peut apparaître, vu d'Allemagne, où Nietzsche a un tout autre sens, comme une restauration de l'irrationalisme contre lequel Habermas, entre autres (je pense par exemple à Otto Appel), a constitué son projet philosophique. Et si je puis m'introduire en tiers dans ce débat, je ne suis pas sûr que l'opposition soit aussi radicale qu'il peut le sembler, à première apparence, entre le rationalisme historiciste que je défends – avec l'idée d'histoire sociale de la raison ou de champ scientifique comme lieu de la genèse historique des conditions sociales de la production de la raison – et le rationalisme néo-kantien, qui tente de se fonder en raison scientifique en s'appuyant sur les acquis de la linguistique, comme chez Habermas. Le relativisme rationaliste et l'absolutisme éclairé peuvent se rencontrer dans la défense de l'Aufklärung... Peut-être parce qu'ils expriment la même intention au système près. J'exagère, évidemment, dans mon effort pour « tordre le bâton dans l'autre sens ». Mais je pense en tout cas que les différences ne sont pas du tout ce qu'on croît aussi longtemps que l'on ignore l'effet de prisme déformant qu'exercent, tant sur la production que sur la réception, les champs intellectuels nationaux et les catégories de perception et de pensée qu'ils imposent et inculquent.

C'est pourquoi les discussions qui s'instituent aujourd'hui directement (ce qui constitue déjà un progrès par rapport à la période antérieure, où les savants européens ne communiquaient que par Amérique interposée) restent si souvent artificielles et irréelles : les effets d'allodoxia qui résultent du décalage structural entre les contextes fournissent des ressources inépuisables aux polémiques de la mauvaise foi et aux condamnations mutuelles du pharisaïsme dans lesquelles excellent les essayistes médiocres et irresponsables tels que les inventeurs du mythe de « la pensée 68 » ou les dénonciateurs vertueux du « cynisme ». Il suffit d'avoir un peu de culture historique pour connaître la propension des petits intellectuels à s'instaurer en justiciers ou, plus exactement, en Fouquier-Tinville et en Jdanov, de droite ou de gauche, qui, comme on l'a vu, tout récemment, à propos de l'affaire Heidegger, substituent à la logique de la discussion critique, attachée à comprendre les raisons – ou les causes – de la pensée adverse, la logique du procès.

La Realpolitik de la raison que je ne cesse de défendre doit donc se donner le projet de travailler à créer les conditions sociales d'un dialogue rationnel. C'est-à-dire de travailler à élever la conscience et la connaissance des lois de fonctionnement des différents champs nationaux, les déformations du texte étant d'autant plus probables que l'ignorance du contexte d'origine est plus grande. Projet qui peut paraître banal aussi longtemps que l'on n'entre pas dans les détails de sa réalisation. Il s'agit en effet de produire une connaissance scientifique des champs de production nationaux et des catégories nationales de pensée qui s'y engendrent et de diffuser largement cette connaissance, à travers notamment les professeurs chargés d'enseigner les langues et les civilisations étrangères. Pour donner une idée de la difficulté de l'entreprise, il suffira d'indiquer qu'elle rencontrera sans doute son premier obstacle dans les sociologies spontanées des différences entre les traditions nationales que les « spécialistes » des échanges internationaux, germanistes et romanistes par exemple, produisent et reproduisent sur la base d'une familiarité mal armée et mal réfléchie et qui a souvent pour principe la condescendance amusée, si proche d'un racisme doux, de celui qui « les connaît bien », « à qui on ne la fait pas », et qui, « les trouvant affreux, les aime bien malgré tout » (attitude très fréquente chez les spécialistes de civilisations étrangères, « japonologues » ou « orientalistes »).

La liberté à l'égard des catégories nationales de pensée – à travers lesquelles nous pensons les différences entre les produits de ces catégories – ne peut venir que d'un effort pour penser, et rendre explicites, ces catégories ; donc d'une sociologie et d'une histoire sociale réflexives et critiques – au sens de Kant – qui se donneraient pour objet de porter au jour, pour les maîtriser, par une socio-analyse scientifique, les structures de l'inconscient culturel national, de dévoiler, grâce à l'anamnèse historique des deux histoires nationales, et plus spécialement, de l'histoire des institutions éducatives et des champs de production culturelle, les fondements historiques des catégories de pensée et des problématiques que les agents sociaux mettent en oeuvre, sans le savoir (« l'inconscient, c'est l'histoire », disait Durkheim), dans leurs actes de production ou de réception culturelles.

Rien n'est plus urgent que d'entreprendre une histoire comparée des différentes disciplines sur le modèle de ce qui a été fait, sous la direction de Isaac Chiva et Utz Jeggle, pour l'ethnologie. Seule en effet une histoire sociale comparée des sciences sociales peut libérer des modes de pensée hérités de l'histoire en donnant les moyens de s'assurer une maîtrise consciente des formes scolaires de classification, des catégories de pensée impensées et des problématiques obligées. Comme on le voit bien dans le cas de l'anthropologie, la comparaison fait apparaître comme arbitraire ou comme lié au contexte d'une tradition contingente tout ce qui était tenu pour nécessaire : les mots mêmes, ethnologie ou Volkskunde, qui désignent la discipline, sont chargés de tout un passé de traditions implicites qui fait que ces deux termes théoriquement équivalents sont séparés par toute l'histoire des deux champs. Comprendre adéquatement les objets et les programmes de recherche engagés dans ces deux disciplines, ce serait comprendre toute l'histoire du rapport qu'elles ont entretenu avec le champ politique, et que condense la différence entre le français « populaire » (Musée des arts et traditions populaires) et l'allemand « Volk » ou « völkisch », entre une tradition de gauche, liée à l'État et défendue contre une tradition de droite, vouée au folklore et au peuple à la manière de Le Play, et une tradition conservatrice, identifiant le peuple à la nation et à la Heimat ou à la Gemeinschaft paysanne. Ce serait comprendre aussi la position de la discipline dans l'espace hiérarchisé des disciplines : du côté des sciences positives, un peu méprisées, dans le cas de la France du côté de la « germanistique », dans le cas de l'Allemagne. Et examiner toutes les différences qui découlent de ces oppositions principielles.

Le système d'enseignement est un des lieux où, dans les sociétés différenciées, se produisent et se reproduisent les systèmes de pensée, l'équivalent, en apparence plus raffiné, de ce que sont les « formes primitives de classification », dont Durkheim et Mauss, en kantiens conséquents, faisaient l'inventaire, pour le cas des sociétés sans écriture et sans institution d'enseignement. Aux oppositions structurantes entre le sec et l'humide, l'est et l'ouest, le cuit et le cru, que recense le tableau des catégories de l'entendement archaïque correspondent les oppositions entre expliquer et comprendre ou entre quantité et qualité que l'histoire collective d'un système d'enseignement et l'histoire individuelle d'une trajectoire scolaire ont déposées dans l'entendement cultivé de chacun des produits achevés du système d'enseignement.

Ces systèmes d'opposition comportent des invariants (tels que les oppositions que je viens de citer par exemple et qui, à travers un enseignement philosophique profondément dominé par la tradition allemande, dans laquelle, si l'on en croit Ringer, elles se sont constituées, ont pénétré l'enseignement français) ; ils comportent aussi des variations nationales. Ou, plus exactement, les traditions dominantes dans chacune des nations peuvent donner des valeurs inverses aux termes des mêmes oppositions. Je pense par exemple à toutes les oppositions secondaires qui gravitent autour de l'opposition centrale, si importante dans la pensée académique allemande, au moins jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, entre la Kultur et la Civilization et qui servent à distinguer la tradition germanique, noble et authentique, de la tradition française, frelatée et superficielle : l'opposition, précisément, entre le profond ou le sérieux et le brillant ou le superficiel, ou l'opposition entre le fond et la forme, entre la pensée ou le sentiment et le style ou l'esprit, entre la philosophie ou la philologie et la littérature, etc. Opposition que la tradition dominante de la France (qui réconciliait l'hypokhâgne d'Henri IV, cœur du système scolaire, et la NRF, Alain et Valéry) reprenait à son compte, mais en inversant les signes : la profondeur devenant lourdeur, le sérieux pédantisme scolaire et le superficiel clarté française. Il faut avoir tout cela à l'esprit, – je veux dire, à la conscience, et non dans l'inconscient – pour comprendre que Heidegger est un Alain au système près – et inversement. Alors que le premier a pu être perçu, et utilisé en France comme l'antithèse parfaite du second...

Et de fait, par une de ces ruses de la raison historique qui rendent si difficile l'accès à la liberté intellectuelle, l'opposition mythique entre les deux traditions, allemande et française, s'est imposée autant à ceux qui se révoltaient contre elle, en chacun des pays, qu'à ceux qui la reprenaient naïvement à leur compte, à ceux qui entendaient trouver une forme de liberté à l'égard des formes de pensée imposées en inversant simplement le signe de l'opposition dominante, acceptée telle quelle par les nationalistes satisfaits. C'est ainsi qu'en Allemagne, pendant tout le XIXe siècle, et encore aujourd'hui (comment expliquer autrement certains succès de certains postmodernes ?...), nombre de jeunes intellectuels progressistes ont cherché dans la pensée française l'antidote à tout ce qu'ils détestaient dans la pensée allemande. Cependant que les jeunes français progressistes en faisaient autant dans l'autre sens. Ce qui ne laissait aux uns et aux autres que très peu de chances de se rencontrer en chemin...

En fait, s'il n'est pas question de nier l'existence de profonds nationalismes intellectuels, fondés sur de véritables intérêts intellectuels nationaux, il reste que les luttes internationales pour la domination en matière culturelle et pour l'imposition du principe de domination dominant – je veux dire pour l'imposition d'une définition particulière de l'exercice légitime de l'activité intellectuelle, fondée par exemple sur le primat de la culture, de la profondeur, de la philosophie, etc., plutôt que sur la civilisation, la clarté, la littérature, etc. – trouvent leur plus sûr fondement dans les luttes au sein de chaque champ national, luttes à l'intérieur desquelles la définition nationale (dominante) et la définition étrangère sont elles-mêmes mises en jeu, en tant qu'armes ou en tant qu'enjeux. On comprend que, dans ces conditions, les chassés-croisés et les quiproquos sont quasiment la règle. Il faut beaucoup d’indépendance intellectuelle et de lucidité théorique pour voir par exemple que Durkheim, en révolte contre le régime intellectuel dominant, dans lequel s'inscrit parfaitement Bergson, est « dans le même camp » que Cassirer (celui-ci rapproche explicitement, dans une note de The Myth of the State, ses « formes symboliques » des « formes primitives de classification » de Durkheim) contre qui Heidegger développe une variante de la Lebensphilosophie bergsonnienne… On pourrait multiplier les exemples de ces effets de chiasme qui, en favorisant des alliances ou des refus également fondés sur le malentendu, interdisent ou minimisent la cumulation des acquis historiques des différentes traditions et l'internationalisation (ou la « dénationalisation ») des catégories de pensée qui est la condition première d'un véritable universalisme intellectuel.

Pierre Bourdieu un Hommage

http://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/2010/01/pierre-bourdieu-les-conditions-sociales.html

Interview Eva Golinger à Toulouse

Las semillas, patrimonio de la humanidad, empiezan a ser propiedad de monopolios corporativos

Economic blockade protest

Maryse Dumas

Robert Castel

Samir Amin


Les archives dressent un portrait peu flatteur de Thatcher

Anna Benjamin

La « Dame de fer » méritait bien son surnom. Pingre, acariâtre, un peu raciste… La description faite de Margaret Thatcher, ancien Premier ministre britannique, à travers l'ouverture des archives officielles de ses six premiers mois de « règne », n'est guère reluisante. Après trente ans de secrets bien gardés, ces archives révèlent les débuts d'un personnage remuant.

« Maggie » Thatcher vouait une passion aux annotations qu'elle griffonnait un peu partout et qui lui faisaient figure de remontrances à l'égard de ses ministres. Si un d'entre eux cherchait à lui barrer la route, il était expédié sans ménagement et avait le droit à des petits mots dans les marges des documents.

Déterminée, elle soulignait des « non », « cela ne doit pas être fait » ou encore des « trop bas » à chaque fois que des coupes dans les dépenses publiques étaient en débat. Sur un des documents de son ministre des Finances, on peut lire « ce document est trop mauvais ».

La diplomatie à la « Thatcher »

Question diplomatie, elle n'hésitait pas non plus à s'exprimer avec assurance. Maggie n'avait pas la langue dans sa poche. D'après le quotidien conservateur Daily Telegraph, elle aurait « agressé » Valéry Giscard d'Estaing lors de leur première entrevue.

Elle lui fait remarquer qu'elle a « un très sérieux problème » concernant le budget européen. Après qu'il lui a suggéré « d'établir les faits » d'ici le prochain sommet, elle lui objecte avec insistance que « les faits ont déjà été établis » et qu'elle attend une réponse rapide. Des années après, on se souvient qu'elle poursuivra François Mitterrand avec son célèbre « I want my money back » (« je veux qu'on me rembourse »)…

En juin 1979, lors de son premier sommet au Japon, elle utilise encore une fois un style très direct. Les autorités japonaises lui proposent de mettre à sa disposition vingt « filles karatékas » pour sa protection. Elle refuse alors cette escorte particulière due à sa condition de femme. Un message interne du bureau des Affaires étrangères explique :

« Si d'autres chefs de délégation se voyaient par exemple assigner vingt karatékas messieurs, le Premier ministre n'y verrait aucune objection. Mais elle ne souhaite pas de traitement particulier. »

« Un degré de racisme personnel choquant »

Les échanges qu'elle a eus avec son chef de la diplomatie, le secrétaire au Foreign office Lord Carrington, laissent deviner selon le Guardian, « un degré de racisme personnel choquant ». Il semblerait en effet qu'elle n'ait pas été très émue du sort des « boat people » vietnamiens. Pour expliquer son refus d'en accueillir 10 000, elle évoque le risque d'émeutes en Grande-Bretagne. Selon elle, il serait d'autant plus négatif de leur donner des logements sociaux alors que « les Blancs » n'en ont pas. Elle poursuit :

« Tous les citoyens qui ont envoyé un courrier disant soutenir les boat-people devraient en héberger un chez eux. »

Elle propose alors au Premier ministre australien une idée quelque peu saugrenue : acheter une île indonésienne pour y installer les « boat people ».

Mais lorsqu'elle compare ces événements avec la situation en Rhodésie (ancien nom du Zimbabwe, ex-colonie britannique) où la majorité noire est en guerre contre le régime ségrégationniste de Ian Smith, elle confie avoir :

« Moins d'objections à accueillir des réfugiés comme des Rhodésiens (blancs), des Polonais ou des Hongrois, car ils pourraient s'assimiler plus facilement dans la société britannique. »

Un goût pour le whisky

Mais on découvre aussi une femme qui oublie de payer un de ses remontants favoris : le whisky. Lors d'un voyage en France à bord d'un ferry, les membres de l'ambassade de France ont dû lui avancer ses dépenses en duty-free pour une bouteille de whisky Teacher's dont elle était fan, une bouteille de gin pour son mari, et 200 cigarettes Benson & Hedges. Ils ont dû ensuite s'y reprendre à plusieurs reprises pour pouvoir se faire rembourser…

Ces révélations et surprises à propos de la Dame de fer, qui est restée au pouvoir jusqu'en 1990, ne sont peut-être que les premières d'une longue série. Chaque année, de nouveaux documents devraient être déclassifiés.

http://www.rue89.com/2009/12/31/les-archives-dressent-un-portrait-peu-flatteur-de-thatcher-131820

200 000 salariés chaque année devant les prud’hommes

Gérard Filoche

Sans remplacer l’absence d’organisation syndicale, les prud’hommes sont le seul rempart contre l’arbitraire et la délinquance patronale. Ses jugements sont incontestés dans 80 % des cas, et ont un réel caractère dissuasif. Il suffit d’entendre Laurence Parisot affirmer qu’ils « insécurisent les employeurs » pour en comprendre l’importance et les raisons pour lesquelles patronat et droite veulent les supprimer. - Enregistrer au format PDF

http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article2026

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